L'étude épidémiologique « Nation » est un exemple réussi de collaboration franco-russe.
Ce travail mené entre 2013 et 2015 par des chercheurs du centre russe de recherche en endocrinologie et l'institut de cardiométabolisme et de nutrition (ICAN) de la Pitié-Salpêtrière, devait répondre à une carence : malgré l'épidémie montante de diabète de type 2 en Russie, aucune étude épidémiologique sérieuse n'avait été menée sur ce sujet. « Il y a eu plus 2,2 millions nouveaux diabétiques en 10 ans, explique le Pr Marina Shestakova, directrice qui a présenté les résultats lors du forum franco russe de santé publique. Cela représente 365 nouveaux patients chaque jour, et 15 par heure. »
Selon le Pr Shestakova, « le réseau de soin est très hétérogène en Russie, nous ne pouvions pas nous appuyer dessus pour mener notre travail, aussi nous sommes tous simplement aller inviter des personnes dans la rue à faire une prise de sang ».
Au total, 26 620 personnes ont été interrogées et testées. Les auteurs ont estimé que 19,3 % d'entre elles étaient en état de prédiabète, avec un taux d'hémoglobine gliquée compris entre 5,7 et 6,4 % ; 5,4 % étaient diabétiques (HbA1c supérieur à 6,5 %) et 75,3 % avaient une glycémie normale.
Un diabète bien contrôlé… à condition qu'il soit connu
L'information la plus importante de l'étude est que 54 % des personnes en état de diabète ou de prédiabète ignoraient leur état de santé. Rapportée à la population générale, cette étude indique qu'un cinquième des Russes sont prédiabétiques. « Environ 6,5 millions de Russes sont menacés par le diabète de type 2, explique le Pr Shestakova, et la classe d'âge la plus touchée est celle des 65 à 69 ans dont 13,63 % sont diabétiques ».
« La bonne nouvelle c'est que 54 % des gens connaissant leur diabète étaient bien compensés, avec une hémoglobine gliquée inférieure à 7 %, poursuit le Pr Shestakova, mais la mauvaise est que 21,4 % de ceux qui ignoraient leur maladie avaient un taux d'hémoglobine gliquée supérieur à 9 % », souligne-t-elle.
Sans surprise, l'étude a identifié l'âge et l'obésité comme deux facteurs de risque de diabète. Les auteurs doivent encore analyser les données sur la situation sociale et le lien avec le risque de diabète et de prédiabète.
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