Le département du Pas-de-Calais détient le taux d’obésité le plus élevé de France : 21,5 % contre 15 % sur le plan national. Une spécificité qui induit d’autres pathologies en chaîne, notamment le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Alarmée par cette situation, l’Agence Régionale d’hospitalisation en a fait sa priorité.
À Boulogne-sur-Mer, la municipalité a décidé d’agir sur le terrain en incitant ses administrés à reprendre le chemin des salles de sport. Dans la lignée du dispositif mis en place à Strasbourg, cette ville de 45 000 habitants a lancé en septembre un programme « Sport sur ordonnance » proposant aux patients de pratiquer gratuitement un sport durant un an, avec un accompagnement personnalisé. Trois pathologies ont été retenues : l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Nombre de personnes bénéficiant du programme cumulent deux, voire les trois pathologies. Une trentaine de médecins généralistes participent à l’opération et prescrivent à leurs patients une activité physique.
Pour les patients les plus éloignés de l'exercice physique
« Ce dispositif permet d’enclencher une dynamique. Il donne aux personnes l’idée de faire du sport et de se prendre en main, constate le Dr Dominique Wathier. Une de mes patientes souffrant d’insuffisance cardiaque sévère vivotait chez elle depuis trois ans. Après un stage de réadaptation cardiovasculaire dans une clinique spécialisée, elle a bénéficié du programme sport sur ordonnance pour de la gymnastique et pratique cette activité très régulièrement, accompagnée par un éducateur sportif. Grâce au sport, cette dame est sortie de son isolement. Le programme a un rôle social indéniable. »
« Sport sur ordonnance » s’adresse aux publics les plus éloignés de l’activité sportive, ceux qui, du fait de leur pathologie, se sont peu à peu repliés sur eux-mêmes. « Ces personnes ont du mal à affronter le regard des autres. Enfiler un survêtement ou un maillot de bain lorsqu’on est obèse n’est pas évident. L’estime de soi en prend un coup, constate Jean-Claude Etienne, adjoint aux sports à la mairie de Boulogne-sur-Mer. Notre but est de ramener vers les salles de sport des personnes qui n’auraient jamais imaginé pouvoir pratiquer une quelconque activité. »
Une dizaine d'activités proposées
Une fois les séances prescrites par le généraliste, le patient rencontre l’éducateur sportif qui réalise un bilan et élabore un programme sportif. Une dizaine d’activités sont proposées : de l’aviron au vélo en salle, en passant par le longe-côte (marche dans la mer) ou la boxe santé… En pratique, les patients privilégient les activités douces, comme la marche, la gymnastique douce ou le vélo en salle. Un carnet de suivi donné à chaque patient permet de s’assurer de son assiduité et de ses progrès.
En l’espace de 6 mois, une cinquantaine de personnes ont déjà rejoint le programme. Soit deux fois plus que les chiffres escomptés. Face au succès rencontré, la municipalité réfléchit à une incitation financière après l’année de gratuité prévue dans le programme. « Peut-être une aide dégressive pour un abonnement sportif durant les deux années qui suivent ? » s’interroge l’adjoint aux sports. Un petit coup de pouce afin de soutenir les patients dans leur nouvelle dynamique.
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