Les pompes à insuline implantée (MIP) feront-elles un jour leur retour sur le marché de manière durable ? « C’est ce qu’espèrent tous les patients pour lesquels cette thérapeutique s’avère vitale. Certes, ces patients ne sont pas très nombreux en France. On estime leur nombre actuel à environ 250 en France, mais il faut vraiment qu’on trouve des solutions d’avenir pour pouvoir continuer à les prendre en charge de manière satisfaisante », explique le Pr Éric Renard, chef du service d’endocrinologie, diabétologie et nutrition du CHU de Montpellier.
C’est en 2017 que la société Medtronic, seul fabricant de ces pompes, a annoncé un arrêt progressif de leur commercialisation. « Il s’agit de pompes qui sont implantées dans la paroi de l’abdomen et qui délivrent de l’insuline dans le péritoine. Cette technique a été développée dans les années 1990 et s’adresse à deux types de patients. Les premiers sont des personnes qui présentent des problèmes d’absorption cutanée de l’insuline et qui ne peuvent pas être traitées correctement par des injections ou avec des pompes portables qui perfusent de l’insuline sous la peau. Les pompes implantées peuvent aussi présenter un certain intérêt pour des patients ayant une très grande variabilité glycémique et qui peuvent faire des hypoglycémies sévères », détaille le Pr Renard, en précisant que ces pompes implantées ont montré leur efficacité dans des études publiées dans les années 1990 et 2000.
Certes, il s’agit d’une thérapeutique destinée à une population relativement confidentielle de patients diabétiques. « Au maximum de son développement, cela pouvait concerner 500 patients en France. D’autres patients auraient peut-être pu bénéficier utilement de cette thérapeutique mais Medtronic n’a jamais voulu développer davantage ces pompes implantées, préférant investir plutôt dans les pompes externes », souligne le Pr Renard. Le désengagement progressif de la société suscite légitimement des craintes chez les patients implantés, en particulier ceux qui présentent des problèmes d’absorption cutanée de l’insuline. « Pour certains, il s’agit d’une thérapeutique quasi vitale. Pour l’instant, pour ces patients les plus sévères, nous avons pu sécuriser la situation avec les dernières pompes restantes. Mais ce matériel a une durée de vie de 7 ans en moyenne et il est donc urgent de trouver des solutions pour l’avenir », indique le Pr Renard. Des solutions que s’efforcent de faire émerger le collectif des diabétiques implantés et l’association des médecins implanteurs de l’évaluation dans le diabète du traitement par implants actifs (Evadiac).
Un espoir mais toujours pas de certitude
C’est avec espoir que patients et médecins ont appris qu’une start-up américaine, Physiologic Devices, travaillait sur un nouveau modèle de pompes. « Mais elle doit encore développer sa technologie et, au mieux, les premiers essais ne démarreront pas avant 2024. De manière inattendue, Medtronic a aussi annoncé son projet d’adapter au diabète une pompe aujourd’hui utilisée pour délivrer de la morphine pour traiter les douleurs sévères. Mais là encore, même si cela devait avancer dans le bon sens, on ne devrait rien voir venir avant plusieurs années », souligne le Pr Renard.
De son côté, le ministère est régulièrement interpellé sur le sujet par les patients, les médecins mais aussi certains parlementaires. « À ce jour, les autorités sanitaires ne disposent pas de moyens juridiques et réglementaires pour contraindre un industriel à poursuivre la fabrication et la commercialisation d’un de ses produits. Conscientes des difficultés qu’induit cet arrêt de commercialisation pour les patients, les autorités sanitaires ont veillé à ce que toutes les dispositions soient prises pour assurer la prise en charge des patients implantés », indiquait en mai dernier le ministère dans une réponse écrite au sénateur Yves Detraigne.
Dans ce texte, le ministère précise que la société Medtronic a transféré la technologie de sa pompe à deux sociétés émergentes (les sociétés IPaDic et Physiologic Devices). « Dans ce contexte, des contacts réguliers sont menés par l’ANSM avec les deux repreneurs identifiés, mais également avec des fabricants de systèmes en boucle fermée adaptés, afin d’assurer le suivi du développement de nouveaux dispositifs et leur mise à disposition pour les patients. Lors de la dernière réunion des parties prenantes du 9 octobre 2020, les deux sociétés IPaDic et Physiologic Devices développant des pompes implantables étaient toujours en recherche de financement, ne permettant pas d’aboutir à une solution implantable avant 2023 à 2024 », précise le ministère, en assurant que l’ANSM prendra toute mesure pour faciliter la mise à disposition de « toute alternative qui se présenterait dans le cadre d’un essai clinique permettant d’assurer la sécurité du patient ».
Entretien avec le Pr Éric Renard, chef du service d’endocrinologie, diabétologie et nutrition du CHU de Montpellier
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