L’idée du consensus sur la boucle fermée est née en mars 2019, à l’occasion du congrès annuel de la Société francophone du diabète (SFD) ; le travail a débuté à la fin de l’été 2019 et le document est publié ce mois-ci (1). Un projet qui s’est donc concrétisé en quelques mois et qui fait le point en six chapitres sur cette avancée majeure que représentent les boucles fermées, pour les patients et les praticiens.
Le document reprend dans un premier temps de façon factuelle tous les résultats des études, avant de lister les indications actuelles des boucles fermées qui sont celles préconisées par les instances règlementaires. « Pour la SFD toutefois, tous les patients, adultes et enfants, avec un diabète insulinoprive qui ne sont pas aux objectifs métaboliques et dont la qualité de vie est altérée devraient à terme se voir proposer une boucle fermée, souligne le Pr Pierre-Yves Benhamou, qui a coordonné la rédaction. Cette technologie extrêmement prometteuse devrait également être évaluée chez les diabétiques instables et chez les femmes enceintes ».
Une structure de la diabétologie repensée
Autre chapitre important de ce consensus : l’organisation des soins. À l’occasion de l’arrivée des boucles fermées, la SFD, dont le Pr Charles Thivolet assure la présidence depuis le début de l’année, propose de restructurer la diabétologie et de distinguer des centres de proximité et des centres de recours, tous deux offrant une prise en charge pluriprofessionnelles des patients.
Les centres de proximité, a priori en libéral, pour repérer les patients susceptibles de bénéficier d’une boucle fermée. Et les seconds, plutôt à l’hôpital, pour valider l’indication, assurer l’initiation du traitement et le suivi au cours des premiers mois.
Le document de la SFD précise le cahier des charges pour la labellisation de ces centres et souligne l’importance d’un accès aux soins sur tout le territoire. Pour ce faire, la place de la téléconsultation et de la télé-expertise est explicitée.
Le quatrième chapitre est dédié à la formation des professionnels de santé, qui devront bien sûr maitriser les systèmes de boucle fermée, et celle des patients, afin qu’ils puissent s’approprier le dispositif. Maitrise technique des différents composants, conduite à tenir en cas de dysfonctionnement, gestion des alarmes, respect des bonnes pratiques… « L’éducation thérapeutique est indispensable pour éviter les mésusages, et la SFD va élaborer des référentiels de formation », rapporte le Pr Benhamou.
Le document précise les indicateurs de suivi au long cours pour s’assurer de l’efficience de ces dispositifs. Pour l’équilibre glycémique, la SFD a endossé le consensus international qui se fonde sur la mesure continue du glucose et le temps passé dans la bonne cible. D’autres indicateurs, cliniques et psychosociaux, sont définis afin de mieux cerner les éventuels problèmes techniques ou de mésusage, les atouts de ces dispositifs dans la vie quotidienne mais aussi les éventuels nouveaux fardeaux.
Enfin, le document trace les grandes lignes des évolutions futures, vers des appareils entièrement automatisés, des boucles fermées bi-hormonales et des systèmes plus discrets, voire internalisés.
Entretien avec le Pr Pierre-Yves Benhamou, CHU de Grenoble
(1) Médecine des Maladies Métaboliques 2020;14(7) : suppl. 1. Ce consensus a été rédigé à l’initiative de la SFD, et a été validé par la Société française d’endocrinologie (SFE), la Société française d’endocrinologie et diabétologie pédiatrique (SFEDP), la Fédération française des diabétiques (FFD), l’Aide aux jeunes diabétiques (AJD), le Conseil national professionnel (CNP) d’endocrinologie, diabétologie et maladies métaboliques et la Fédération nationale des associations régionales d'endocrinologie diabétologie et métabolisme (Fenarediam)
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