Les projets de télémédecine vont-ils vraiment pouvoir démarrer dans le domaine du diabète ? Tout est désormais sur la table, avec la parution d’un arrêté du 25 avril dernier qui présente le cahier des charges à mettre en œuvre pour toutes les expérimentations relatives à la télésurveillance dans la prise en charge du diabète. « Ces expérimentations sont prévues dans le cadre d’une loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014. Et leur but est de fixer une tarification préfiguratrice des actes de télémédecine », indique le Pr Pierre-Yves Benhamou, chef du service de diabétologie-endocrinologie du CHU de Grenoble.
Cet arrêté précise que la télémédecine constitue un important vecteur d'amélioration de l'accès aux soins. « Elle permet en effet une prise en charge au plus près du lieu de vie des patients et contribue à rompre l'isolement dont sont parfois victimes les professionnels de santé. Elle constitue en outre un facteur d'amélioration de l'efficience de l'organisation et de la prise en charge des soins par l'Assurance-maladie. À ce titre, la télémédecine constitue une nouvelle forme d'organisation de la pratique médicale au service du parcours de soins du patient », indique le texte ministériel.
Déséquilibre sous insulinothérapie
L’arrêté précise le profil des patients (18 ans ou plus) éligibles à un projet de télésurveillance. Il s’agit d’abord des patients présentant un diabète de type 1 (DT1) déséquilibrés, avec une HbA1c supérieure ou égale à 8 % lors de deux mesures réalisées dans un intervalle de temps de 6 mois, malgré une insulinothérapie de plus de 6 mois. Il également possible d’inclure des patients avec un diabète de type 2 (DT2) sous insuline, diagnostiqués depuis plus de 12 mois chroniquement déséquilibrés, avec une HbA1c supérieure ou égale à 9 % lors de deux mesures réalisées dans un intervalle de temps de 6 mois, malgré une mise sous insuline de plus de 6 mois.
Diabéo, Mydiabby, Diabeloop
Selon le Pr Benhamou, plusieurs projets sont sur les startings-blocks. « C’est notamment le cas du projet Diabéo de Sanofi, qui est proposé depuis 2011 dans le cadre d’une expérimentation clinique, qui s’est achevée en février et dont les premiers résultats seront publiés à la fin de l’année. Cet arrêté va permettre l’utilisation de Diabéo en routine, avec un financement qui sera sorti de la recherche clinique », indique le Pr Benhamou, en ajoutant qu’un autre projet bien avancé est l’application Mydiabby. Une troisième application possible de la télémédecine est représentée par le futur pancréas artificiel Diabeloop.
Lutte contre l’inertie
L’arrêté précise que la télésurveillance a pour objet de permettre à un professionnel de santé incluant ou suivant un patient, d'interpréter à distance des données nécessaires à son suivi médical et, le cas échéant, de prendre des décisions relatives à sa prise en charge. « Le principe est simple : le patient prend régulièrement sa glycémie et, via son smartphone, envoie ses données à un serveur qui va pouvoir donner immédiatement l’alerte si la glycémie sort des clous. Cela permet de lutter contre l’inertie et l’inobservance et corriger rapidement une situation anormale sans attendre le prochain rendez-vous médical du patient, qui peut être fixé 3 ou 6 mois plus tard », précise le Pr Benhamou.
Participation infirmière
L’arrêté stipule qu’un programme de télésurveillance doit obligatoirement comporter un programme d’accompagnement thérapeutique. Son but est de permettre au patient de s'impliquer en tant qu'acteur dans son parcours de soins, de mieux connaître sa pathologie et les composantes de sa prise en charge et d'adopter les réactions appropriées à mettre en œuvre en lien avec son projet de télésurveillance. « Le plus souvent, cet accompagnement est réalisé par un infirmier qui va pouvoir appeler le patient à chaque fois que cela sera nécessaire », indique le Pr Benhamou.
Pour ces expérimentations, trois postes de financement ont été retenus par l’Assurance-maladie. « Le premier est destiné au professionnel de santé qui va proposer au patient d’entrer dans un programme de télémédecine. Il va toucher 110 € par patient et par semestre. Le professionnel qui fait l’accompagnement thérapeutique est rémunéré à hauteur de 60 € par patient et par semestre. Enfin, il y a un financement (300 € par patient) pour le prestataire de service », indique le Pr Benhamou.
D’après un entretien avec le Pr Pierre-Yves Benhamou, chef du service de diabétologie-endocrinologie du CHU de Grenoble
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