Au-delà des anomalies respiratoires du sommeil (lire ci-dessus), c’est l’évolution des habitudes de sommeil qui peut influencer défavorablement le métabolisme du glucose. En effet, on constate une évolution des habitudes vers une réduction de la durée de sommeil. Or il a été constaté que les sujets qui ont une durée de sommeil trop courte (avec une norme évaluée à 7 heures de sommeil chez l’adulte) présentent un risque accru de développer une obésité, un diabète, une hypertension artérielle.
Chronotype vespéral
Au-delà de la durée de sommeil, le chronotype, c’est-à-dire la propension à se coucher tôt (chronotype matinal) ou se coucher tard (chronotype vespéral) pourrait influencer la santé. Par exemple, les sujets qui ont un chronotype vespéral ont deux fois plus de risque de présenter un diabète de type 2. Chez les patients diabétiques de type 2, l’équilibre glycémique est meilleur chez les patients qui ont un chronotype matinal.
Une attention nouvelle a été apportée récemment à la propension à se coucher de plus en plus tard, alors que les contraintes sociales (travail, école, enfants) nous obligent, en particulier les jours de travail, à nous lever à des horaires imposés. Il en découle une dette de sommeil qui s’accumule sur la semaine de travail et se rattrape sur les jours libres. Il se produit donc un décalage horaire du sommeil de faible amplitude, mais récurrent chaque semaine. Ce décalage horaire lié aux contraintes sociales (social jetlag) n’est sans doute pas indifférent sur la santé, bien que nous soyons à l’aube de nos explorations des effets de ce nouveau phénomène de société.
Une déconnexion d’avec les facteurs naturels
Ces différents changements des habitudes de sommeil pourraient se résumer à l’éloignement croissant de l’exposition à des facteurs naturels de rythmicité circadienne (l’alternance jour/nuit ou l’enchaînement des saisons par exemple) au profit d’une exposition à des facteurs artificiels, sociétaux, de rythmicité circadienne : lumière artificielle, travail nocturne, travail connecté qui ne respecte plus le clivage entre horaires privés et horaires de travail. Sur le plan physiologique, c’est la sécrétion de mélatonine, sous le contrôle de l’horloge centrale supra-chiasmatique, qui se trouve confrontée à ces signaux conflictuels, et en aval, l’ensemble de l’expression circadienne des gènes, du comportement alimentaire, de l’activité physique, ou des voies métaboliques.
Au total, ces résultats montrent que, s’il faut poursuivre les études des effets des anomalies du sommeil sur le métabolisme, celles sur la chronobiologie sont également importantes. On a vu que l’urbanisme pouvait influencer la prévention des maladies métaboliques en favorisant les déplacements urbains non motorisés. Nous devons évaluer les conséquences sur la santé publique du non-respect de nos rythmes circadiens pour envisager de faire évoluer nos modèles sociétaux, notamment les horaires de travail. Autorisons-nous la panne d’oreiller pour respecter notre santé !
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