Régimes alimentaires restrictifs chez l’enfant : une pratique à mieux évaluer

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Publié le 13/12/2023
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Quelle est la réalité du risque de déficits en micronutriments chez les enfants suivant des régimes végétariens, végan ou autres ? Une revue donne l’alerte sur des risques connus, tout en soulignant ceux qui restent à prouver faute de données (1).

Les régimes végétariens (sans viande), végétaliens (sans produit d’origine animale, excluant aussi les laitages, œufs, miel, etc.) ou vegan (végétalien étendu aux produits non alimentaires, tels que le cuir ou la laine) ont gagné en popularité partout dans le monde ; par conséquent, un nombre croissant d’enfants pourraient être exposés aux conséquences nutritionnelles qui en résulteraient. Chez eux, le risque de carence en micronutriments est particulièrement préoccupant. Une revue narrative a fait le point sur la pertinence de ce risque, sur la base des données disponibles (1). Elle attire principalement l’attention sur l’apport en fer, zinc, iode et vit B12 et vit D.

Les régimes plus restrictifs en aliments d’origine animale, tels que végétaliens et vegan, exposent à un plus grand risque de carences nutritionnelles. Cependant, le risque réel de carence chez les enfants juste végétariens est relativement difficile à affirmer, en raison des limites des travaux disponibles : beaucoup de déclaratif, un manque d’études bien conçues. Il semble à faible risque, s’il utilise une alimentation très variée, avec un apport suffisant en produits laitiers.

B12, fer, zinc, iode et vitamine D

En pratique, le risque de carence en vitamine B12 doit être anticipé chez les nouveau-nés issus de mères végétaliennes ou sous régime macrobiotique (à plus de moitié de céréales entières, excluant certains fruits et légumes et quasi-végétalien) et chez les enfants ayant les régimes alimentaires les plus restrictifs. Il en va de même en ce qui concerne les carences en fer, zinc et iode. Les dosages appropriés doivent être réalisés, et la nécessité de supplémentation évaluée individuellement. Les régimes végétaliens et macrobiotiques sont à déconseiller pendant la grossesse et l’enfance. La revue insiste sur les besoins persistant en matière d’éducation et d’orientation nutritionnelle.

Des travaux sont nécessaires

Il est indispensable de parfaire notre connaissance quant aux conséquences des régimes sans produits d’origine animale, qui se répandent dans beaucoup de pays et donc de s’enquérir de leur suivi parmi les familles qui consultent les médecins généralistes ou autres spécialistes. En effet, ce sont les parents qui orientent ou imposent le comportement de leurs enfants. C’est donc tout particulièrement durant la grossesse, pour les mères, dès la naissance et la petite enfance, mais aussi durant l’adolescence en phase de croissance, qu’il faut intervenir pour informer et prévenir les familles. C’est aussi à ces périodes que l’alimentation expose à des carences, probables ou démontrées, particulièrement en vitamine B12, fer, zinc, iode, vitamine D.

Professeur émérite, Université Grenoble-Alpes 

(1) Chouraqui JP. Risk Assessment of micronutrients deficiency in vegetarian or vegan children: not so obvious. Nutrients. 2023 Apr 28;15(9):2129

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr