Une étude observationnelle de deux ans a été menée auprès de 66 patients âgés de 13 à 24 ans présentant une obésité modérée à sévère répondant aux critères de la gastrectomie verticale en manchon (SGV), pour comprendre les conséquences de celle-ci sur la santé osseuse (1). Cette chirurgie (n = 30), ou une prise en charge non chirurgicale (n = 36), ont été proposées selon la décision du patient et de l’équipe médicale. Les principaux critères de jugement comprenaient l’absorptiométrie bi-énergétique à rayons X (DXA) et la tomographie quantitative périphérique à haute résolution (HRpQCT), des mesures de la densité minérale osseuse (DMO), de la géométrie et de la microarchitecture.
Résultats, les patients SGV ont obtenu une perte de poids de 25,3 ± 2,0 % à 2 ans (p < 0,001) tandis que les sujets témoins ont gagné 4,0 ± 2,0 % (p = 0,026). La DMO totale de la hanche a diminué de 8,5 ± 1,0 % après SGV par rapport à un gain de 0,1 ± 1,0 % chez les témoins (p < 0,001), avec des résultats similaires au niveau du col fémoral (p < 0,001). La DMO volumétrique totale (vDMO) a diminué à la fois au niveau du radius distal et du tibia après SGV (p < 0,001) principalement en raison de la perte de vDMO trabéculaire (p < 0,001). Les changements sur deux ans de la vBMD corticale ne différaient pas entre les groupes, bien que la porosité corticale ait diminué après SGV à la fois au niveau du radius et du tibia (p = 0,048 et p < 0,001). L’épaisseur corticale a augmenté chez les témoins mais pas chez les SGV (p = 0,022 et p = 0,002 pour les comparaisons entre groupes au niveau du radius et du tibia, respectivement).
La SGV entraîne des changements de la santé osseuse dès deux ans, qui peuvent résulter en une fragilité squelettique accrue chez les adolescents et les jeunes adultes.
La chirurgie n’est pas sans risque
Cette étude nous rappelle que cette chirurgie, quoique très efficace, n’est pas sans risque pour la santé, surtout de très jeunes sujets porteurs d’une obésité, puisqu’après deux ans seulement, leur squelette manifeste déjà des signes objectifs de risque. Certes, cela se corrige peut-être par la suite, mais peut aussi s’aggraver.
Cette perte de poids semblant similaire à celle obtenue sous semaglutide, et surtout sous tirzepatide, il faudra comparer ces effets, et distinguer ainsi ce qui est à rattacher à la perte de poids ou aux possibles carences induites par l’approche chirurgicale.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Mitchell DM, et al Skeletal effects of sleeve gastrectomy in adolescents and young adults: a 2-year longitudinal study. J Clin Endocrinol Metab. 2023 Mar 10;108(4):847-857. doi: 10.1210/clinem/dgac634. PMID: 36314507
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