Les conséquences et risques hépatiques (fibrose, insuffisance hépatocellulaire et cirrhose) sont bien réels. Mais les populations concernées sont innombrables (diabètes de type 2, syndromes métaboliques…). Une étude, parue dans Diabetologia, définit « toute personne présentant une stéatose hépatique et une ou plusieurs caractéristiques du syndrome métabolique, sans consommation excessive d’alcool ni autre cause connue de stéatose, [comme souffrant] d’une maladie hépatique stéatosique associée à un dysfonctionnement métabolique (Masld) ». Il y aurait, parmi toutes les personnes atteintes de diabète de type 2 (DT2), 60 à 70 % patients souffrant de Masld.
En ce qui concerne la prévalence de la fibrose hépatique avancée dans le DT2, les chiffres restent encore mal connus mais elle s’élèverait à entre 10 et 20 %. Ces chiffres sont issus d’études fondées sur des tests d’imagerie et surestimant probablement la valeur réelle.
Les auteurs rappellent que, bien que tous les stades du Masld aient des conséquences sur le pronostic, la fibrose demeure le meilleur prédicteur du risque de mortalité toutes causes confondues et lié au foie. Chez les sujets atteints de DT2, le risque de carcinome hépatocellulaire et de décès lié au foie est multiplié par 2 à 3. Et, du fait des méthodes peu fiables pour détecter la stéatose, 1,3 % évoluent des formes graves à 7,7 ans.
Cette complexité pose donc des problèmes matériels et logistiques considérables en matière de dépistage et de suivi. Cet article pose à juste titre la question de la faisabilité et l’efficacité réelle des approches proposées. Il rappelle notamment que plusieurs sociétés médicales plaident en faveur d’un dépistage universel de la fibrose avancée chez les DT2. « Les voies de dépistage proposées impliquent le calcul annuel de l’indice de fibrose-4 (FIB-4), suivi d’un test secondaire tel que l’élastographie transitoire (ET) pour les individus à risque allant d’intermédiaire à élevé. » La faible spécificité des biomarqueurs pourrait conduire « 40 % de toutes les personnes atteintes de diabète de type 2 vers l’ET et 20 % vers les soins tertiaires, avec un taux de fausses découvertes pouvant atteindre 80 %. Ce qui soulève des inquiétudes quant à leur faisabilité. »
L’étude en conclut qu’il faut développer des stratégies nouvelles et plus efficaces pour surveiller le foie dans le diabète de type 2. De nouvelles preuves suggèrent que les biomarqueurs de la fibrose pourraient servir d’outils pour cibler les interventions de perte de poids en fonction du risque, pour surveiller la réponse au traitement.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
Qadri S, Yki-Järvinen H. Diabetologia. 2024 Jun;67(6):961-73
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