Le laboratoire danois Novo Nordisk a recommandé ce 6 décembre aux professionnels de santé en France de prescrire son antidiabétique Ozempic uniquement aux patients déjà traités, de façon à leur assurer une continuité des soins, dans un contexte d'explosion de la demande mondiale. « Aucune initiation de traitement avec Ozempic ou Victoza ne doit plus être faite », écrit noir sur blanc l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sur son site internet.
Le laboratoire fait le choix de « réserver, dans cette période difficile où on n'arrive pas encore à répondre à la demande tellement elle est d'ampleur, les médicaments disponibles aux patients qui sont déjà sous traitement. D'où la volonté de ne plus commencer de nouvelles mises sous traitement, de manière temporaire », a indiqué une porte-parole de Novo Nordisk. Concrètement, l’approvisionnement en Ozempic 0,25 mg (dose d’initiation) en ville et en milieu hospitalier est suspendu à partir de début décembre 2023 et au moins jusqu’à la fin du premier trimestre 2024.
Des tensions attendues sur toute l'année 2024
L'ANSM a prévenu de son côté que des tensions d'approvisionnement étaient attendues sur toute l'année 2024 pour Ozempic (dose d'initiation à 0,25 mg).
Pour rappel, l'Ozempic (sémaglutide) appartient à la famille des médicaments analogues du GLP-1, une hormone intestinale qui sécrète l'insuline et envoie au cerveau un signal de satiété. Ce médicament rencontre un fort succès sur les réseaux sociaux pour ses propriétés amaigrissantes, ce qui a conduit à des ruptures de stocks, notamment en Australie.
« Quand le laboratoire aura reconstitué un stock suffisant, on pourra redémarrer les initiations de traitement », a indiqué la Dr Isabelle Yoldjian, directrice médicale à l'ANSM. Pour rappel, le laboratoire danois a annoncé fin novembre investir 2,1 milliards d'euros pour agrandir son site français de production à Chartres (Eure-et-Loir) en vue de répondre à l'augmentation de la demande mondiale pour ces antidiabétiques qui agissent aussi sur l'obésité.
Production limitée pour Victoza
En parallèle, Novo Nordisk a décidé de limiter la production de Victoza, un analogue GLP-1 de première génération, moins demandé que la deuxième génération dont fait partie Ozempic. Ceci afin d'« améliorer la mise à disposition d'Ozempic », a expliqué la porte-parole.
Selon l'ANSM, l'approvisionnement Victoza sera réduit en ville au moins jusqu'à la fin du 2e trimestre 2024. « L'idée, c'est de prioriser les patients qui sont déjà sous traitement, qui en ont vraiment besoin et d'éviter la prescription d'Ozempic à des patients qui ne sont pas diabétiques », a indiqué Jean-François Thébaut, le président de la Fédération française des diabétiques, estimant à « 550 000 en France les patients sous analogues du GLP-1 ».
Selon l'Assurance-maladie, 4 231 patients utilisent Ozempic comme un amaigrissant, prescrit par 2 700 médecins libéraux entre septembre 2022 et août 2023, contre 1 260 un an auparavant. L'Ozempic arrive en 9e position des médicaments les plus prescrits entre juillet 2022 et juin 2023, avec 133 millions d'euros de dépenses remboursables, soit 44 millions d'euros de plus que l'année précédente.
Les alternatives pour les initiations de traitement
À l'adresse des prescripteurs, l'ANSM distingue deux situations pour initier un traitement. Lorsqu'il s'agit d'améliorer le contrôle glycémique (HbA1c au-dessus de la cible), les médecins peuvent recourir aux autres molécules de la classe des agonistes du GLP-1 en fonction des disponibilités et, en cas d’indisponibilité, se reporter à la prise de position de la Société francophone du diabète pour un traitement alternatif
Lorsque l’initiation du traitement est motivée par la présence d’une maladie athéromateuse avérée* et vise à diminuer le risque de survenue ou de récidive d’un évènement cardiovasculaire : les inhibiteurs du SGLT2 (iSGLT2) doivent être prescrits en alternative à un agoniste du GLP-1.
* Elle se définit par un antécédent d’événement vasculaire (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral ischémique, revascularisation, amputation en lien avec une ischémie…) ou une lésion athéromateuse significative (sténose de plus de 50 % sur une coronaire, une carotide ou une artère des membres inférieurs ; angor instable/ischémie myocardique silencieuse avec atteinte documentée par imagerie ou test fonctionnel ; claudication intermittente avec index de pression systolique inférieur à 0,9).
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