STEWART TEMBO a 25 ans et vit à Harare, au Zimbabwe. Il a été diagnostiqué diabétique (de type 1) en 2002, au moment où son pays vivait une situation politique bien délicate. Invité par le laboratoire Novo Nordisk, il est venu à Paris raconter son histoire. « Mon père a perdu son emploi. Je ne pouvais pas toujours m’acheter de l’insuline. Alors dans ces cas-là, je buvais beaucoup d’eau et j’arrêtais de manger. » Le cas de Stewart n’est pas isolé. Ils sont nombreux, en Afrique et dans les pays pauvres, à subir leur diabète avant même de pouvoir songer à le soigner.
Sordide dilemme.
« Au Congo, de 60 à 70 % des familles dont l’un des membres est diabétique consacrent 90 % de leurs revenus à l’achat de l’insuline, explique le Dr Kaushik Ramaiya, vice-président de l’IDF (International Diabetes Federation) et secrétaire général de l’Association des diabétiques de Tanzanie . Une famille qui a trois enfants diabétiques de type 1 (cela arrive) achète un flacon par mois et le partage. Si l’un des enfants meurt… les parents en viennent à s’en réjouir, car cela signifie que les deux autres survivants seront mieux soignés ».
En Afrique, 38 000 enfants âgés de moins de 14 ans seraient atteints d’un diabète de type 1. On estime qu’une fois diagnostiqué, un enfant, du moins en Afrique subsaharienne, a une espérance de vie inférieure à un an, tandis qu’un enfant du monde industrialisé a la possibilité de vivre une vie normale.
Pour les personnes vivant sous le seuil de pauvreté, avec moins de deux dollars par jour, le coût annuel du traitement de leur diabète excède le revenu annuel de la famille.
Par ailleurs, le sous-effectif de professionnels qualifiés conduit à des protocoles thérapeutiques non appropriés ou des erreurs de diagnostics et il arrive trop souvent que les enfants entament un traitement pour le paludisme ou une déshydratation.
De 20 à 25 millions de dollars.
Le laboratoire Novo Nordisk a décidé de lancer un programme de soutien aux enfants diabétiques des pays les plus pauvres, en commençant par l’Afrique ; 10 000 enfants devraient en bénéficier d’ici cinq ans.
« Changer l’avenir des enfants atteints de diabète » débute ce mois-ci en Ouganda. La Tanzanie et le Congo devraient enchaîner.
Le Dr Mapoko Ilondo est chargé chez Novo Nordisk de coordonner le programme. Le laboratoire est pour le moment en contact avec les ministères de la santé des différents pays concernés. « Nous ne voulons absolument pas donner l’impression de leur imposer quelque chose de l’extérieur car l’un de nos objectifs est justement qu’ils reprennent le programme à leur compte à son issue ».
Au 1 er septembre, les trois pays, ainsi que la Guinée-Conakry seront incorporés dans le programme. « L’une des difficultés est qu’aucun n’est en mesure de dire combien d’enfants pourraient être concernés car il n’existe pas partout des associations de diabétiques ».
À travers son programme, Novo Nordisk s’engage à fournir, en plus de l’insuline, les appareils médicaux. « Nous cherchons un partenariat avec un industriel », précise à ce propos le Dr Ilondo. De même pour le mobilier, le matériel informatique, les équipements de laboratoire, « des guide-lines », qui font partie de la formation des professionnels. « Les médecins et infirmières sont très demandeurs car tous ces enfants, ils les voient arriver dans les hôpitaux mais ils ne peuvent pas les prendre en charge. Ce qui est difficile, c’est l’investissement initial. Au Mozambique, par exemple, où ces enfants sont traités par les associations, nous espérons qu’ils seront pris en charge par les départements de pédiatrie. »
Le programme est conçu en « étoile », avec des antennes qui dépendront des centres hospitaliers. « Pour être réaliste, ce seront d’abord les grands centres qui vont commencer puis nous en installerons là où se trouvent les enfants, soit dans des infrastructures existantes, soit nous construirons des murs ».
Entre 20 et 25 millions de dollars devraient être injectés au cours des cinq années du projet. « Et j’espère que ce sera plus », a assuré Lars Rebien Serensen, PDG de Novo Nordisk.
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