LE SYNDROME métabolique ne serait pas une maladie « construite », mais bien une entité physiopathologique à part entière. Pour preuve, des chercheurs des universités de Caroline du Nord et de Taïwan viennent d’identifier un gène impliqué à la fois dans l’insulino-résistance, l’obésité, la dyslipidémie et l’hypertension artérielle (HTA). Son petit nom est Ppar gamma, acronyme pour peroxisome proliferator-activated receptor gamma en anglais. Connu pour réguler la différenciation des adipocytes et le métabolisme lipidique, le gène Ppar gamma contrôle le niveau glycémique et code pour le récepteur cible d’une classe d’antidiabétiques, les thiazolinediones. Comme les sujets diabétiques de type 2 traités par ces molécules présentaient des chiffres tensionnels abaissés, les chercheurs ont eu envie d’étudier cet effet anti-hypertensif d’un peu plus près. Il est apparu qu’une augmentation de l’expression du gène Ppar gamma entraîne une baisse tensionnelle, même si elle est modeste. Une expression du gène multipliée par deux entraîne une baisse de la tension artérielle d’environ 2,8 mmHg. Inversement, une diminution d’environ 30 % du récepteur Ppar gamma s’accompagne d’une tension artérielle plus élevée que la normale. Des variations génétiques modifiant l’expression de la protéine PPAR gamma pourraient ainsi être à l’origine d’une hypertension artérielle et, de manière plus large, d’un syndrome métabolique.
L’astuce de 3’-UTR.
Pour leurs expérimentations, les scientifiques ont travaillé sur un modèle de souris transgéniques exprimant le gène Ppar gamma à des niveaux divers. Pour ce faire, l’équipe de Yau-Sheng Tsai s’est servi des propriétés génétiques de l’extrémité 3’-UTR. En remplaçant cette séquence par celle du gène béta-globine, les transcrits du gène Ppar gamma sont plus stables, ce qui augmente ainsi l’expression génique. Inversement en modifiant l’extrémité 3’-UTR, par insertion d’un allèle étranger, les transcrits sont moins stables, ce qui conduit à une expression diminuée du gène. Des mesures de tension artérielle ont ainsi été réalisées chez plus de 280 souris sauvages et plus de 350 souris mutées, dont les taux d’expression de PPAR gamma étaient compris entre 28 et 182 %.
L’idée selon laquelle des variants génétiques de PPAR gamma seraient responsables d’un syndrome métabolique trottait dans la tête des scientifiques depuis quelques années. Impliqué dans l’insulino-résistance, c’était un candidat tout trouvé pour le rôle. Plusieurs variants du gène avaient d’ailleurs été identifiés chez l’homme, donnant des tableaux cliniques d’intensité différente. Cependant, il était difficile d’établir une relation claire entre le niveau d’activité de PPAR gamma et les caractéristiques cliniques. Dans les premières observations, chez des sujets diabétiques traités par thiazolinedione, il est apparu que les variations tensionnelles étaient indépendantes de l’insulino-sensibilité. De plus, il a été montré que ces antidiabétiques freinaient la hausse tensionnelle médiée par l’angiotensine II, chez le rat, tandis que chez les souris normoglycémiques hypertendues, cette classe médicamenteuse améliorait la fonction vasculaire. Les résultats de l’équipe de Yau-Sheng Tsai suggèrent qu’une diminution de l’expression Ppar gamma constitue un facteur de risque d’hypertension artérielle chez l’homme.
PNAS, édition avancée en ligne, doi/10.1073/pnas.0909657106
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?