EN FRANCE, la part des obèses dans la population n’a cessé de croître : estimée à 8,2 % en 1997, elle est de 14,5 % en 2009. En ce qui concerne le surpoids, 46,4 % de la population française de 15 ans et plus ont déclaré en 2009 un indice de masse corporelle supérieur à 25 kg/m2. Même si, à l’origine de ces prévalences, on trouve des habitudes alimentaires peu équilibrées et de la sédentarité, certains « événements biographiques » en sont également les déterminants, comme le montre une étude publiée dans le « BEH ».
L’étude s’appuie sur les données de la cohorte SIRS (Santé, inégalité et ruptures sociales) constituée en 2005, dont l’effectif est de 3 000 adultes francophones de l’agglomération parisienne (départements 75, 92, 93, 94). Tous âges et sexes confondus, 36,4 % des personnes présentaient un surpoids, 27,6 % étaient en pré-obésité et 8,8 % obèses. Le surpoids était plus fréquent chez les hommes (41 % contre 32 % des femmes) et l’obésité plus fréquente chez les femmes (9,7 % contre7,7 %).
Les facteurs associés à un risque plus élevé de surpoids divergent selon les sexes sauf pour celui qui concerne l’âge : le risque maximal est observé dans la classe d’âge des 65-74 ans. Chez les femmes, deux marqueurs classiques du statut socio-économique sont également associés à un risque plus élevé de surpoids : un bas de niveau de revenus et un faible niveau d’études. Les femmes dont les parents sont tous les deux de nationalité africaine ou maghrébine sont plus fréquemment en surpoids que les femmes nées de parents français, « toutes choses égales par ailleurs, y compris après ajustement sur leurs niveaux d’études et de revenus ». Cette différence ne se retrouve pas chez les hommes. Parmi les caractéristiques de la situation familiale, seul le fait d’avoir des enfants est associé, pour les deux sexes, à un risque plus élevé de surpoids.
Chez les femmes, deux habitudes de vie ont un lien avec le surpoids : l’absence d’activité physique d’au moins 30 minutes ainsi que le fait de ne pas dormir régulièrement un minimum de 7 heures par nuit. Chez les hommes, c’est le statut tabagique qui est retenu commela seule variable significativement associée au surpoids : le fait d’être un ancien fumeur entraîne un risque accru de surpoids. Enfin, parmi les événements biographiques féminins, le fait d’avoir vécu une séparation ou un divorce est associé à un moindre risque de surpoids.
Enfance malheureuse.
Par ailleurs, en comparaison avec les femmes qui déclarent avoir vécu une enfance et une adolescence heureuses, celles déclarant une enfance malheureuse et une adolescence heureuse ont un risque plus élevé d’être en surpoids. À l’inverse, le fait de déclarer une enfance heureuse et une adolescence malheureuse est associé à un moindre risque de surpoids. Chez les hommes, la probabilité d’être en surpoids apparaît moindre dans deux situations : lorsqu’on a vécu le décès de son conjoint ou lorsqu’on a eu de graves problèmes de santé avant 18 ans. À l’inverse, le fait d’avoir un partenaire atteint d’une maladie grave (actuellement ou dans le passé) est significativement associé à un risque plus élevé de surpoids.
Au total, malgré les biais de l’étude, les résultats confirment certaines recherches qualitatives qui ont déjà mis en évidence le lien entre les facteurs psychosociaux ou biographiques et le surpoids. Pour les auteurs de ce travail, la poursuite d’études épidémiologiques serait très utile « pour guider et améliorer la prévention de la prise en charge du surpoids (y compris chez les plus jeunes) ».
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