DE NOTRE CORRESPONDANTE
« IL FAUT LEUR montrer que le quotidien peut-être construit, malgré la maladie. » C’est en ces termes que le Pr Marc Nicolino, endocrinologue et diabétologue pédiatrique, a ponctué une session sur le diabète chez les adolescents lors du symposium. Sous-titré, « Les ados ont les glandes », ce symposium a mis l’accent sur les difficultés de la prise en charge du diabète chez l’adolescent, ces difficultés n’étant pas liées à la maladie elle-même mais surtout à ses contraintes et son omniprésence : le diabète « prend la tête ».
Les deux pierres angulaires de cette prise en charge, comme le constate Marc Nicolino, sont l’accompagnement et la pluridisciplinarité. Au CHU lyonnais, l’accompagnement a d’ailleurs pris une tournure particulière puisque chaque année, dans le cadre d’une association créée à cet effet, Marc Nicolino amène quelques jeunes diabétiques faire l’ascension du Mont-Blanc en juillet. L’entraînement préalable prend la forme de séjours autour de la Meije Orientale et du Dôme des Écrins, afin de tester « l’autonomie » des adolescents. « On part sur une relation de confiance, explique ce chef de service, car l’objectif c’est : zéro problème ! » Ces expéditions ont pour vocation de démontrer que si des efforts exceptionnels peuvent être engagés malgré la maladie, le quotidien n’est plus un problème.
Pour structurer le lien, le Pr Charles Thivolet, endocrinologue à Lyon Sud, explique, pour sa part, utiliser les moyens de communication modernes. « Le courrier électronique, a-t-il précisé, mais pas encore Facebook ! » Il n’en reste pas moins que cette prise en charge demeure aussi fragile qu’est justement l’adolescent. « Il n’y a pas de recettes miracles, a fait observer le Pr Nadia Tubiana-Rufi, endocrinologue à l’hôpital Robert Debré (AP-HP), mais des erreurs à ne pas commettre. » Selon elle, certains médecins pensent qu’énumérer les complications du diabète suffira à motiver l’adolescent, or ce serait plutôt l’inverse qui se passerait. « Il y a des adolescents que l’on perd de vue, car ils ont peur d’être mis face à de mauvais résultats biologiques », précise Nadia Tubiana, qui ajoute : « Il en y a même qui se suicident ».
L’enjeu est donc de taille face, surtout face à « l’épidémie » qui se profile. Le Pr Nicolino confie avoir déjà eu 15 nouveaux cas de diabète type 1 chez l’enfant en janvier et, selon lui, le nombre de cas pourrait passer du simple au double. Or, en France, « on manque de services intermédiaires pour les prendre en charge », constate Domitille Penet, endocrinologue libéral à Lyon. Toute la démonstration faite précédemment indique combien il serait vain de vouloir proposer une prise en charge isolée. La question reste donc en suspens.
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