QUELQUES chiffres permettent de mesurer l’ampleur du problème posé aujourd’hui par le diabète. L’Europe compte 35 millions de diabétiques et 42 millions de prédiabétiques. « Tueur silencieux », le diabète est responsable de 425 décès chaque jour sur notre continent, note Henrik Nedergaard, responsable de l’association danoise des diabétiques. Précision de la première Ministre du Danemark qui assure actuellement la présidence de l’Union européenne, « un adulte européen sur 12 est diabétique et un dixième environ du budget européen de la santé est consacré au diabète ». Il existe néanmoins des disparités suivant les pays, comme le souligne Yves Leterme, secrétaire général de l’OCDE. Ainsi, au Portugal, 12,4 % des adultes sont diabétiques, alors que la prévalence est de l’ordre de 5 % en France.
Premier objectif retenu par les politiques, les experts et les associations de malades réunis à Copenhague : la prévention du diabète, qui passe, on le sait, par celle de l’obésité. Or, les chiffres sont inquiétants : dans 24 pays de l’OCDE, la moitié de la population est en surpoids. Les mesures de prévention commencent néanmoins à porter leurs fruits dans certains pays, la Suisse, l’Italie, la Hongrie et l’Angleterre en particulier, où l’on observe un ralentissement de l’épidémie d’obésité. Les efforts doivent être poursuivis et renforcés, notamment dans les classes socioprofessionnelles défavorisées, les plus touchées.
Le dépistage est rentable
Deuxième objectif : l’amélioration du dépistage et la prise en charge précoce. On estime en effet que 50 % des diabétiques ignorent leur maladie et que, parmi ceux qui sont dépistés, seulement la moitié bénéficie d’une prise en charge adaptée.
Le dépistage est rentable, souligne Ulf Smith, ex président de l’Association européenne du diabète (EASD), en témoignent les résultats de l’étude Archimedes menée dans 6&pays, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne et le Royaume-Uni auprès de sujets âgés de 40 à 75 ans non diabétiques et sans antécédents cardiovasculaires ou rénaux. La modélisation économique sur la base des QALY (Quality adjusted life year) adoptée par les Britanniques pour mesurer l’impact du dépistage a permis de confirmer son très bon rapport coût efficacité. Si l’on cible davantage le dépistage sur les patients les plus à risque, il devient encore plus rentable, note Ulf Smith. Pour le représentant du ministère de la santé britannique, John Bowis, il faut encourager les médecins à dépister le diabète chez leurs patients par des mesures financières. L’« incintive paiement » ou paiement à la performance semble d’ailleurs se développer de plus en plus au niveau européen dans le but d’améliorer les pratiques, notamment dans le domaine des pathologies chroniques, tel que le diabète.
La prévention secondaire
Troisième objectif : l’optimisation de la prise en charge des diabétiques pour diminuer les complications et améliorer leur qualité de vie. De grandes disparités existent dans le management des patients au sein de l’OCDE. Au Portugal, où, on l’a vu, la prévalence du diabète est particulièrement élevée, un programme national de prévention et de traitement du diabète a été mis en place depuis 2008. Basé sur les soins primaires, le paiement à la performance et l’organisation de soins de prévention secondaire, il a permis de réduire le nombre d’hospitalisations pour mauvais contrôle du diabète et/ou complications. Le taux d’hospitalisation au Portugal est aujourd’hui inférieur à la moyenne de l’OCDE, alors qu’il reste très élevé dans d’autres pays, comme la Hongrie. Enfin, insistent l’ensemble des participants, aussi bien les professionnels de santé que les représentants des associations de malades, l’éducation thérapeutique et l’autoprise en charge, piliers de l’observance et de la prévention secondaire, doivent être partout renforcés.
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