Face à des patients souffrant du syndrome du côlon irritable, les médecins généralistes peuvent prescrire de l'amitriptyline (Laroxyl) à faible dose en seconde intention pour des formes sévères et persistantes, confirme une étude britannique publiée dans The Lancet ce 16 octobre.
Cet essai randomisé en double aveugle contre placebo sur près de 500 personnes est la plus grande conduite à ce jour pour tester l'efficacité de cet antidépresseur tricyclique dans cette indication. Le syndrome du côlon irritable touche 5 à 10 % de la population, mais la physiopathologie reste mal connue.
Bien qu'il soit recommandé en seconde intention par le National Institute for Health and Care Excellence (Nice), l'amitriptyline est prescrite par seulement 10 % des médecins généralistes en Grande-Bretagne dans cette indication, soulignent les auteurs. La moitié douterait de son efficacité.
Une dose de 10 à 30 mg par jour
L'essai Atlantis a recruté, entre octobre 2019 et avril 2022, 463 patients (âge moyen 48,5 ans, dont 68 % de femmes) auprès de 55 généralistes, avec des symptômes persistants (score > 75 points sur l'échelle de sévérité IBS-SSS), depuis en moyenne dix ans, malgré les traitements de première ligne. Ceux-ci reposent sur des changements dans l'alimentation et l'hygiène de vie, des fibres solubles, des laxatifs, ou encore des médicaments antispasmodiques ou antidiarrhéiques.
La moitié des participants (232) a reçu une faible dose d'amitriptyline (10 mg une fois par jour), l'autre un placebo, pendant six mois, avec une titration sur trois semaines jusqu'à 30 mg journaliers, selon les symptômes et la tolérance.
Diminution des symptômes à 3 et 6 mois
L'amitriptyline se révèle supérieure au placebo sur différents critères de jugement à commencer par le principal, la diminution du score IBS-SSS. À six mois, après ajustement, les auteurs rapportent une différence de 27 points entre le groupe amitriptyline (-99,2 points) versus placebo (-68,9 points). L'effet, qui est déjà notable à trois mois, avec un delta de 23 points entre les deux groupes dans le score IBS-SSS, perdure à 12 mois.
Secondairement, les auteurs retrouvent dans le groupe avec tricycliques un plus grand soulagement (auto-évalué) des symptômes (OR : 1,78). Ses membres sont aussi plus enclins à vouloir poursuivre le traitement au-delà de six moins (1,60) et sont plus adhérents au cours de la période (74 % versus 68 % dans le groupe placebo).
Il n'y a pas eu plus d'effets indésirables dans le groupe sous antidépresseurs, sauf ceux associés aux propriétés anticholinergiques (bouche sèche, somnolence, dysurie). Le tricyclique n'a pas eu d'effet sur les scores d'anxiété et de dépression, ni sur la vie sociale et professionnelle.
Les auteurs invitent donc les généralistes à proposer, en seconde intention, l'amitriptyline à faible dose à leurs patients souffrant du syndrome du côlon irritable, tout en les accompagnant dans la titration.
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