La prévalence de l’oxyurose est estimée à 30 % chez les enfants en France, mais de nombreux cas sont asymptomatiques et il existe certainement une sous-estimation de cette affection.
« Pratiquement tous les enfants d’âge scolaire sont à un moment touchés par l’oxyurose, principalement entre 5 et 10 ans », déclare le Dr Céline Dard (CHU Grenoble Alpes). Le principal facteur favorisant est la vie en collectivité (jardins d’enfants, écoles, fratrie…). La contamination se fait par ingestion d’œufs, présents sur les mains ou des objets (jouets, vêtements, literie…). Il existe un portage asymptomatique, mais les signes cliniques sont assez caractéristiques : prurit anal, surtout le soir au coucher, qui entraîne des lésions rouges de grattage, diarrhées épisodiques, douleurs abdominales, irritation, insomnies, cauchemars…
Les complications les plus fréquentes sont les vulvites et infections urinaires à répétition chez la petite fille et plus rarement l’appendicite. L’oxyurose est due à la présence dans l’intestin d’Enterobius vermicularis ou oxyure. Les oxyures sont des vers ronds (nématodes) blanchâtres mesurant de 5 mm (mâles) à 1 cm de long (femelles). « Des petits vers blancs peuvent ainsi être vus au niveau de la marge anale, dans les selles ou les sous-vêtements », ajoute le Dr Céline Dard. S’il y a un doute sur le diagnostic, un test de Graham ou « scotch test » peut être prescrit : avant toute toilette le matin, les parents ou le biologiste appliquent un morceau de ruban adhésif transparent sur les plis de l’anus pour y recueillir les œufs ou les adultes femelles qui seront ensuite examinés par microscopie au laboratoire de biologie médicale.
Éviter l’autoinfestation et la réinfestation
Le traitement repose sur le flubendazole (Fluvermal) à la dose de 100 mg quel que soit le poids ou l’albendazole (Zentel) à la dose de 200 mg jusqu’à l’âge de 2 ans et 400 mg après 2 ans. Le pamoate de pyrantel (Combantrin) est une alternative thérapeutique. En raison du cycle parasitaire, il est conseillé d’effectuer systématiquement un nouveau traitement 2 à 3 semaines après le premier. Du fait de la contagiosité élevée de l’oxyurose, il est nécessaire, lorsqu’un cas est observé, de traiter simultanément tous les membres de la famille et si possible de la collectivité. « Au niveau de la collectivité, notamment de l’école cela n’est pas toujours facile… Contrairement à la pédiculose, il n’y a pas d’obligation de déclaration des cas au corps enseignant, ni de messages de prévention, d’où une méconnaissance importante de cette pathologie à l’école qui contribue à la propagation de cette parasitose. Hors cette parasitose peut avoir des répercussions sur la vie scolaire des enfants », explique le Dr Céline Dard. La prévention individuelle consiste également à bien se laver les mains après chaque passage aux toilettes, garder les ongles courts, changer le linge de nuit, laver les « doudous », bien passer l’aspirateur…
Ténia et bothriocéphale
Le deuxième ver digestif le plus fréquent est le ténia. En France, sa prévalence est estimée à 0,5 %, principalement chez les sujets consommant de la viande bovine peu cuite. Il existe deux espèces : Taenia saginata (ténia du bœuf) et Taenia solium (ténia du porc) pratiquement éradiqué aujourd’hui en France, grâce aux contrôles vétérinaires. Les symptômes cliniques sont souvent absents mais il peut y avoir des douleurs abdominales, des nausées, des troubles de l’appétit (anorexie ou boulimie), un amaigrissement… T. saginata est souvent découvert par la présence d’anneaux (qui n’ont pas une forme d’anneau mais de morceau de tagliatelle…) dans les sous-vêtements ou la literie. Les anneaux de T. saginata sont mobiles et peuvent s’expulser par l’anus en dehors de toute défécation. Le traitement repose sur le niclosamide (Trémédine) « 2 comprimés à jeun le matin puis deux autres comprimés 1 heure plus tard, puis 3h à jeun… ce schéma est assez difficile à respecter pour un jeune enfant. C’est pourquoi le praziquantel (Biltricide) en dose unique à 10 mg/kg est aujourd’hui le traitement de référence (bien que prescrit hors AMM) », ajoute le Dr Céline Dard. Les mesures prophylactiques individuelles consistent à bien faire cuire la viande rouge. Enfin, précise en conclusion la spécialiste, « signalons un parasite moins connu, présent dans notre région à cause des lacs, le bothriocéphale ou ténia du poisson. La bothriocéphalose se transmet par ingestion de poisson d’eau douce peu cuit ou seulement fumé. Le traitement est le même que celui du ténia ».
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