L'hépatite C n'est pas considérée comme une infection sexuellement transmissible, à l'exception de rares cas liés à des lésions ou à des rapports très violents. Des médecins américains viennent pourtant de décrire, pour la première fois, un ensemble de contaminations par voie uniquement sexuelle.
Les quelques cas d'infections sexuelles par le virus de l'hépatite C (VHC) sont observés plus fréquemment chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, et souvent liés à des pratiques à risques comme l'utilisation de sex toys ou de poires à lavement. Au cours de la conférence des CDC américains dédiée à la prévention des infections sexuellement transmissibles, le Dr Jenny Gubler et ses collègues du département de la santé et des services humains du Michigan relèvent un constat inédit : un ensemble de 22 cas avérés de transmissions sexuelles, et 11 probables, tous situés dans le sud-est de l'État du Michigan.
L'investigation a été menée suite à l'alarme donnée par un médecin confronté à une brusque augmentation des contaminations par le VHC en février 2016. Les spécialistes du département de santé ont alors entrepris des recherches sur les circonstances de ces contaminations : recherche d'antigènes et d'ARN du VHC, de facteurs de risque chez patients infectés.
Des patients pluri-infectés
La totalité des patients étaient des hommes infectés par le VIH avec des antécédents d'autres infections sexuellement transmissibles (syphilis, gonorrhée, chlamydia ou lymphogranulome vénérien). La majorité des infections étaient dans leur phase aiguë, ce qui laissait supposer une séroconversion récente. Sur les 9 virus analysés, tous étaient de génotypes 1a. La particularité de cet ensemble de cas est, qu'en dehors d'un seul patient qui a admis avoir consommé des drogues injectables, aucun ne présentait de facteur de risque traditionnellement associé à la transmission sexuelle du VHC.
« Ce n'est pas la première fois que l'on décrit un groupe de cas d'infections sexuelles par le VHC », explique le Pr Stanislas Pol, du service d'hépatologie de l'hôpital Cochin. Une observation similaire avait été faite entre 2005 et 2010 à New York. En France, l'équipe du Pr Stanislas Pol avait identifié un autre groupe de patients coïnfectés VIH/VHC ayant contracté le VHC par voie sexuelle.
La nouveauté des observations du Dr Gubler est que les chercheurs sont parvenus à investiguer l'ensemble des cas et à confirmer la possibilité d'une transmission sexuelle même sans facteur de risque. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer la présence de ces cas au même endroit dont la présence d'un sous-type de virus plus facilement transmissible.
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