En 2014, les principales études présentées en session orale lors du congrès de la Société européenne pour l’étude du foie étaient fortement marquées par le buzz autour des nouveaux traitements oraux de l’hépatite C. Bien que ces derniers soient toujours très présents lors de l’édition qui se tient à Vienne, en Autriche, du 22 au 26 avril, la star de cette année est la stéatose hépatique non alcoolique.
Stéatoses hépatiques non alcooliques
Plusieurs chercheurs se sont interrogés sur l’intérêt des antidiabétiques pour améliorer les fonctions hépatiques des patients. Les glucagon-like peptide-1 (GLP-1) font en effet figure de bons candidats dans le traitement de cette pathologie.
Lors la session d’ouverture qui s’est tenue aujourd’hui, le Dr Matthiew Armstrong, de l’université de Birmingham, a présenté les résultats d’un essai de phase II sur l’utilisation pendant 48 semaines de l’antidiabétique liraglutide (Victoza, Novo Nordisk) pour améliorer la clairance hépatique de 23 patients atteints de stéatose hépatique non alcoolique, comparés à 22 patients sous placebo (33 % des patients de l’étude souffraient d’un diabète de type 2).
Les patients traités ont reçu 1,8 mg de liraglutide en injection sous-cutanée. Plus de 39 % des patients du bras traités ont vu leur clairance hépatique s’améliorer significativement, contre 9 % des patients sous placebo. Par ailleurs, le stade de fibrose n’a empiré que chez 9 % des patients traités, contre 36 % des patients du bras placebo.
Par ailleurs la firme pharmaceutique Islet Science a présenté les résultats d’une étude menée sur 336 patients diabétiques de type 2 atteints de stéatose hépatique non alcoolique, traités par son antidiabétique expérimental : le remogliflozine etabonate. Au bout de 12 semaines, les taux d’alanine aminotransférase étaient réduits de 32 à 42 % comparés aux patients sous placebo. Contrairement aux antidiabétiques de la même classe, le remogliflozine etabonate réduit le stress oxydatif à l’origine de la stéatose hépatique.
L’hépatite C : les génotypes 3 toujours difficiles à traiter
L’hépatite C n’est pas totalement absente du congrès. L’étude de phase 3 BOSON a montré que l’association du Sovaldi (sofosbuvir, Gilead) et de la ribavirine chez des patients infectés par le VHC de génotype 3 ne parvenait pas à provoquer une réponse virologique aussi soutenue que ceux traités par Sovaldi plus interféron et ribavirine. Douze semaines après la fin d’un traitement de 16 semaines, seuls 84 % des patients traités sans interféron avaient une réponse virologique soutenue, contre 93 % de ceux avec interféron. Même en prolongeant le traitement jusqu’à 24 semaines, l’association du sovaldi et de la ribavirine seuls ne provoquait une réponse soutenue que chez 71 % des patients. En ce qui concernait les patients infectés par un VHC de génotype 2, en revanche, les taux de réponses étaient comparables dans les deux bras : 94 % dans le bras sovaldi/ribavirine contre 100 % dans le bras sovaldi/ribavirine/interféron.
Dans une autre étude de phase 2 menée en France sur 85 patients infectés par des VHC de génotype 4 et 5, l’autre traitement de Gilead, Harvoni (association fixe de lédipasvir et de sofosbuvir) parvenait à susciter des réponses virologiques soutenues plus de 93 % des patients. Harvoni avait déjà été évalué chez les patients infectés par des virus de génotype 1, cette nouvelle étude montre qu’il reste efficace dans les génotypes 4 et 5 tout en restant sur : aucun effet secondaire de grade 3 ou 4 n’a été relevé par les investigateurs.
Cancer du foie
Lors de la séance inaugurale du congrès, les chercheurs INSERM de l’UMR-1162 (génomique fonctionnelle des tumeurs solides) de l’université Paris-Descarte ont présenté les enseignements tirés du résultat du séquençage de cellules issues de 243 tumeurs hépatiques. Les auteurs ont ainsi identifié 8 mutations qui pourraient servir de signature pour dépister un hépatocarcinome, dont 2 n’avaient jamais été relevés dans la littérature. À partir de ces huit mutations, ils ont dénombré 11 voies de signalisation affectées impliquant 161 gènes qui pourraient servir de cibles à de futurs médicaments. Les mutations n’étaient en outre pas les mêmes en fonction de l’origine de la tumeur : cirrhose, infection par le virus de l’hépatite B ou fibrose. Cette classification permettra, à l’avenir, de mieux sélectionner les patients pour les essais cliniques portant sur des traitements personnalisés.
Baclofène
Notons enfin qu’une étude anglaise menée à l’université de Liverpool a apporté des résultats supplémentaires en faveur du baclofène dans la réduction des dommages chez 243 patients souffrant de fonctions hépatiques altérées par l’alcool. Au bout d’un an, les taux de gamma-GT étaient significativement réduits, de même que les taux de bilirubine et d’alanine aminotransférase.
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