La petite histoire
A la fin des années 1950, le laboratoire Upjohn synthétise progressivement 200 molécules destinées à traiter les ulcères gastriques. Et parmi celles-ci, le minoxidil découvert en 1963, qui n’a aucun effet sur l’estomac mais qui fait baisser la pression artérielle.
Au début des années 1970, le laboratoire demande au Dr Charles Chidsey (Denver, Etats-Unis) de tester le minoxidil (Loniten), sur des patients hypertendus. La pression artérielle des patients baisse, mais ce médicament ne présente, par rapport à ses concurrents, aucune particularité qui pourrait faire de lui un blockbuster dans le domaine de l’hypertension.
Certains testeurs, au crâne dégarni, ont eu la belle surprise de voir que leurs cheveux reprenaient de la vigueur, que la chute se ralentissait et parfois même qu’une certaine repousse pouvait être visible. Le Dr Chidsey s’est penché, en compagnie de deux de ses collègues, les Drs Guinter Kahn et Paul Grant, sur le cas d’une femme dont la pilosité corporelle avait été particulièrement affectée par le traitement. Ils imaginent rapidement utiliser ce traitement dans la calvitie.
Mais la galénique par voie orale du minoxidil était un frein au développement du produit. Aidés par le Dr Hideo Uno (Wisconsin National Primate Research Center), les deux médecins mettent au point une formulation pour application locale dénuée d’effets secondaires cardiaques.
Le laboratoire Upjohn a vite compris qu’entre un énième hypotenseur et le premier médicament de la calvitie, choisir la seconde option pouvait se révéler plus rentable. Il dépose un brevet le 29 décembre 1971, attribuant la paternité de la découverte au seul Dr Chidsey.
Le minoxidil à 2 % a été approuvé par la FDA en 1986.
Et après ?
Une bataille judicaire a opposé les codécouvreurs de l’effet capillaire du minoxidil et ce n’est qu’en 1986 que le nom du Dr Kahn a été ajouté à l’office des brevets.
Il faut dire que le laboratoire avait négocié un pourcentage sur les ventes de 2 % aux inventeurs du produit, somme qui a été partagée entre les Drs Chidsey, Kahn et Grant pendant les 10 années de brevet du produit.
Le seul autre médicament qui a obtenu une AMM sur l’alopécie a lui aussi été découvert par hasard : le finastéride 5 mg (inhibiteur de la 5 alpha réductase de type 2) a en effet été approuvé par la FDA en 1992 comme traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate. Ce n’est qu’en 1997, après avoir constaté que ce produit faisait repousser les cheveux, qu’il a été commercialisé à la dose de 1 mg pour les chauves.
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Références
Clinical and pharmacokinetic studies of minoxidil, a new antihypertensive agent. Clin Sci Mol Med Suppl. 1973 Aug;45 Suppl 1:171s-3.
Dallob A, Sadick N, Unger W et coll. The effect of finasteride, a 5 alpha-reductase inhibitor, on scalp skin testosterone and dihydrotestosterone concentrations in patients with male pattern baldness. J Clin Endocrinol Metab. 1994 Sep;79(3):703-6.
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