111 cas dus à la consommation d’huîtres

Leçons après une épidémie d’hépatite A

Publié le 19/03/2009
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TOUT A COMMENCÉ entre le 14 et le 21 août 2007, quand 9 cas d’hépatite A ont été notifiés aux autorités sanitaires des Côtes d’Armor, 8 d’entre eux chez des personnes qui résidaient ou avaient séjourné récemment dans la région dont 4 près d’un établissement de la baie de Paimpol. Sept patients déclaraient avoir mangé des huîtres. Des investigations menées de manière précoce ont rapidement permis d’identifier 111 personnes qui ont présenté des symptômes d’hépatite entre le 25 juillet et 9 octobre 2007. Plus de la moitié (57) était des touristes français, ou étrangers venus d’Allemagne, des Pays-Bas ou de Suisse. « C’est la plus importante épidémie jamais décrite en France depuis la mise en place de la déclaration obligatoire en novembre 2005 », soulignent les auteurs de l’étude. Ils estiment d’ailleurs que l’ampleur de l’épidémie a probablement dû être sous-estimée en raison des cas asymptomatiques et des sous-diagnostics. Une épidémie qui rappelle que la consommation de coquillage crue reste une source de contamination « dans des pays de faible endémie comme la France ».

Surveillance des eaux usées.

La consommation de coquillages crus, principalement des huîtres, a rapidement été suspectée. L’enquête a montré que ces fruits de mer provenaient du même établissement conchylicole de la baie de Paimpol. Les études menées par l’IFREMER (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) et le réseau de contrôle microbiologique (REMI) n’ont pas mis en évidence de contamination fécale. Selon toute vraisemblance, les huîtres ont été contaminées lors du stockage en bassin submersible ou lors du passage en bassin d’épuration juste avant leur commercialisation. L’origine de la contamination des huîtres n’a pas été identifiée ; l’hypothèse la plus probable serait celle d’une contamination par les rejets d’eaux usées à partir des dispositifs d’assainissement.

La souche virale (génotype IIIA) est une souche endémique en Asie qui a déjà été impliquée dans des épidémies d’hépatite A parmi des usagers de drogues injectables dans les pays du Nord. Rare en France, elle a été isolée lors d’une précédente épidémie (33 cas) dans les Côte d’Armor en 1999 et dans une école maternelle en Auvergne en 2004. Les mesures de contrôle décidées par les autorités ont inclus l’interdiction de la pêche à pied de coquillages en baie de Paimpol entre le 24 août et le 4 septembre.

À plus long terme, les recommandations préconisent la surveillance et l’information en temps réel des services sanitaires et des conchyliculteurs de tout dysfonctionnement des dispositifs d’assainissement. Le risque spécifique devrait être estimé pour chaque établissement conchylicole de la baie.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr