LES DOULEURS ABDOMINALES récidivantes de l’enfant représentent un des motifs de consultation les plus fréquents en pédiatrie, elles peuvent représenter jusqu’à 30 à 40 % des consultations. Dans la grande majorité des cas, les douleurs abdominales restent d’origine fonctionnelle mais il peut être parfois difficile de faire la part entre pathologie organique et manifestations fonctionnelles. Un interrogatoire bien mené et un examen clinique attentif permettent dans la plupart des cas d’établir un diagnostic précis.
La constipation occupe une place importante par sa fréquence parmi les causes des douleurs abdominales récidivantes de l’enfant. De même les infections à Helicobacter pylori sont également très fréquentes et doivent être recherchées dans ces douleurs abdominales chroniques ; ce diagnostic est parfois difficile du fait d’une symptomatologie très variée (signes cliniques de RGO, vomissements, mauvaise haleine ou simples douleurs périombilicales). Il faudra également éliminer une infection parasitaire (taenia, giardia), une allergie alimentaire, une maladie cliaque évoluant à bas bruit, une intolérance au lactose se manifestant par des douleurs abdominales, des flatulences et de la diarrhée, une maladie inflammatoire intestinale (maladie de Crohn ou RCH), dont le diagnostic est généralement aisé du fait d’une symptomatologie évocatrice associant douleurs abdominales, rectorragies et altération de l’état général. Enfin, l’examen clinique recherchera une anomalie anatomique à type de malformation anorectale.
Double piège.
En pratique, le clinicien se trouve dans un double piège : banaliser des douleurs abdominales qui pourraient être d’origine organique ou envisager à tort une organicité avec le risque de réclamer inutilement des examens complémentaires coûteux et invasifs.
La constipation très fréquente est de diagnostic aisé. L’anamnèse et l’examen clinique permettent d’orienter vers une pathologie fonctionnelle ou organique (maladie d’Hirschsprung), de rechercher les erreurs diététiques (consommation insuffisante ou nulle de légumes et de fruits, qu’il faudra combattre en incitant les enfants à modifier leurs habitudes alimentaires). Il n’est pas rare de voir la constipation apparaître au moment de l’apprentissage de la propreté (retrait trop brutal de la couche, sans explication) ou lors de l’entrée à l’école où de mauvaises conditions sanitaires (pas de papier, toilettes sales, portes qui ne ferment pas…) sont à l’origine d’une rétention chronique pouvant évoluer vers une encoprésie. Afin de ne pas s’installer dans cette rétention, ces enfants doivent être traités dans un premier temps médicalement, mais parfois un soutien psychologique peut s’avérer utile. Enfin, bien mené, l’interrogatoire permettra de repérer les parents obsessionnels, qui « traquent la selle » et n’hésitent pas à utiliser de manière abusive toute sorte de stimuli locaux (suppositoires, thermomètre…) aboutissant à la perte du réflexe de la défécation active. Le traitement de base de la constipation repose sur les conseils diététiques (consommation suffisante de fibres et d’eau) mais il ne faut pas hésiter si la situation clinique le nécessite d’utiliser les laxatifs oraux. Dans tous les cas, il conviendra de réfléchir avec la famille aux moyens de mise en uvre de ces conseils.
Problème psychologique.
Lorsque ces douleurs abdominales chroniques s’avèrent non organiques, elles peuvent être révélatrices d’un problème psychologique que l’interrogatoire permettra d’affirmer aisément (difficultés scolaires, conflits avec les copains à l’école, conflit entre les parents ou parents divorcés, décès d’un proche…) et qui pourra nécessiter le cas échéant une prise en charge adaptée.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?