JAMAIS entendu parler de l’opisthorchiase ? Rien d’anormal, la parasitose biliaire due à Opisthorchis viverrini est l’une des maladies tropicales dites «négligées». Moins maintenant, depuis qu’une alternative au seul antiparasitaire existant, le praziquentel, vient d’être identifiée dans une étude menée dans le pays ayant la plus forte prévalence, le Laos. Là-bas, la moitié des enfants scolarisés dans le primaire et le secondaire sont infectés et plus de 90 % des adultes. Si le praziquentel est très performant dans l’immédiat, l’existence d’une alternative, telle que la tribendimidine tout aussi efficace sinon davantage, est extrêmement rassurante.
La parasitose est ubiquitaire en Asie du Sud-Est, Laos bien sûr, mais aussi Cambodge, Thaïlande et Vietnam, touchant les populations les plus pauvres. La contamination se fait par l’ingestion de poissons crus, mal cuits ou mal conservés infestés de parasites. Bien que la majorité des contaminations soient asymptomatiques, l’infection peut entraîner des complications telles qu’un ictère, une angiocholite ou un cholangiocarcinome. Pour éviter cette complication incurable, des traitements répétés par praziquentel sont recommandés.
Traitements minute
L’équipe dirigée par la suisse Jennifer Keiser a évalué quatre schémas thérapeutiques versus le praziquantel chez 125 enfants scolarisés au Laos. Cinq groupes d’enfants ont ainsi été constitués après randomisation : méfloquine (n=25), artésunate (n=24), association méfloquine et artésunate (n=24), tribendimidine (n=27) et praziquentel (n=25). Pour chaque élève, deux échantillons de selles étaient recueillis à 5 jours d’intervalle avant traitement. Une infection palustre était recherchée sur un dextro à l’aide d’un test rapide, une grossesse sur un test urinaire, ces deux situations étant les deux grands critères d’exclusion de l’essai.
Pour les 5 schémas testés, il s’agissait d’un traitement minute. La méfloquine et l’association méfloquine-artesunate étaient administrées à la dose recommandée dans le paludisme. Il s’agissait de 25 mg/kg pour le groupe méfloquine, donnée en 1 à 2 prises selon le poids. Pour le groupe méfloquine-artésunate, le traitement comportait une dose unique d’artésunate (1 cp à 100 mg) et un cp à 250 mg par jour de méfloquine pendant trois jours consécutifs. Dans le groupe artésunate, le médicament était donné à une dose de 10 mg/kg en 3 prises espacées de 12 heures. Pour la tribendimidine, il s’agissait d’une dose unique de 200 mg ou de 400 mg pour les plus de 14 ans. La posologie du praziquentel était de 75 mg/kg en 2 doses, identique celle utilisée en pratique courante.
La guérison était définie comme l’absence d’excrétion d’œufs dans les selles 20 ou 21 jours après traitement. En analyse en intention de traiter, 14 patients du groupe praziquentel ont été guéris, aucun des groupes méfloquine et artésunate, un du groupe méfloquine-artésunate et 19 du groupe tribendimidine. Une réduction du nombre d’œufs dans les selles était obtenue dans 98,4 % du groupe praziquentel, 30,2 % du groupe méfloquine, 31,5 % du groupe artésunate, 41,3 % du groupe méfloquine-artésunate et 99,3 % du groupe tribendimidine. Les effets indésirables étaient le plus souvent modérés et présents dans chaque bras. Les plus graves, à type de nausées, vertiges, vomissements et anxiété, n’étaient observés que dans les deux groupes comportant de la méfloquine.
The Lancet Infectious Diseases, publication en ligne du 25 novembre 2010. DOI:10.1016/S1473-3099(10)70250-4.
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