Le bismuth affronte des vents contraires en France. Et pourtant. « La quadrithérapie au bismuth pourrait devenir le traitement de 1re ligne en Europe pour éradiquer Helicobater pylori, explique le Pr Jean-Charles Delchier, chef du service d’hépato-gastro-entérologie à l’hôpital Henri Mondor, à Créteil et co-auteur de l’étude PYLERA, publiée récemment dans le «Lancet» (« Le Quotidien » du 14 mars 2011). Elle montrait l’efficacité de l’association de sous-citrate de bismuth, métronidazole, tétracycline et oméprazole. «Une demande d’AMM a été déposée à l’Agence européenne et la décision doit être rendue en juin prochain ». Alors que l’efficacité de la trithérapie classique par amoxicilline, clarithromycine et oméprazole est passée de 90 % dans les années 1990 à environ 60 % en 2011, en raison d’une résistance croissante à la clarithromycine (20%), il n’existe pas actuellement d’alternative aussi performante que la quadrithérapie avec bismuth.
Tolérance du bismuth
« Reste posé le problème de la tolérance, regrette le Pr Delchier. J’ai assisté au début de mes études médicales à l’émergence des cas d’encéphalopathies au bismuth».La France, l’un des seuls pays avec l’Australie à avoir rapporté ces cas graves de toxicité, l’a alors interdit en 1974. « Le bismuth utilisé dans PYLERA est très différent, précise le gastro-entérologue. Il s’agit de sous-citrate et non de sous-nitrate de bismuth. Mais surtout les posologies n’ont absolument rien à voir. Les doses sont passées de l’ordre du gramme dans les années 1970 à quelques centaines de milligrammes dans PYLERA. Le tout pour une durée brève de 10 jours, alors qu’il était prescrit de façon chronique dans les colopathies fonctionnelles au coup-par-coup. Les données de pharmacovigilance en 8 ans aux États-Unis et au Canada n’ont ainsi relevé aucun cas de toxicité cérébrale. Seuls des effets secondaires habituels et sans gravité ont été décrits, à type de diarrhée et de mycose, ce que confirme l’étude PYLERA. » Si l’ensemble de ces données sont rassurantes, il reste nécessaire de poursuivre la surveillance sur un plus grand nombre de patients. « L’affaire du Mediator n’a bien sûr pas arrangé les choses, regrette le Pr Delchier. Il est ainsi probable qu’une AMM en 1re intention soit accordée au niveau européen et en 2e intention en France ». Les alternatives à l’option bismuth sont des quadrithérapies comportant trois antibiotiques et un inhibiteur de la pompe à protons (IPP), soit en thérapie séquentielle, soit en thérapie concomitante. « Mais les effets secondaires s’avèrent plus importants et avec un risque plus élevé de résistance », indique le Pr Delchier.
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