Le système nerveux central (SNC) est en interaction permanente avec le tube digestif. Cette connexion, qui se fait dans les deux sens, passe avant tout par les voies nerveuses sympathiques (nerfs splanchniques) et parasympathiques (nerf vague).
Le SNC est informé en permanence de la nature de l'environnement du tube digestif et module en retour les fonctions gastro-intestinales via les neurones efférents qui stimulent les neurones du système entérique eux-mêmes en interaction avec les cellules effectrices de type musculaire, glandulaire. À ce système complexe s'ajoutent l'action du système hormonal ainsi que celle du système immunitaire. Cet ensemble va jouer un rôle clé dans la régulation des fonctions gastro-intestinales vitales comme la digestion, le maintien de l'hémostase, mais aussi la somatisation de certains états psychiques tels que la réponse au stress, à la douleur et aux émotions.
Depuis quelques années, est venu s'ajouter un acteur majeur, le microbiote intestinal, comprenant plusieurs milliers d'espèces différentes. Les Firmicutes et les Bacteroidetes sont les groupes les plus abondants et représentent près de 70 % de la totalité du microbiote humain. « La composition du microbiote est spécifique d'un individu et il n'est pas possible aujourd'hui, en routine, d'avoir une image précise de sa composition lorsque l'on fait une coproculture », a rappelé le Pr Francisca Joly (Hôpital Beaujon, Paris).
Pathologies extra-digestives
Certaines maladies intestinales peuvent être liées à un déséquilibre du microbiote ou dysbiose. L'exemple le plus connu est la prise d'antibiotiques favorisant la colite à Clostridium difficile. Mais des pathologies extra-digestives, essentiellement métaboliques (obésité, insulinorésistance…) et neurologiques peuvent également être liées à une dysbiose. Dans la maladie de Parkinson, la dysrégulation de l'axe cerveau-intestin-microbiote entraîne un dysfonctionnement gastro-intestinal chez plus de 80 % des patients et elle pourrait contribuer à la pathogénèse de la maladie elle-même. Des cas d'amélioration des troubles moteurs ont été rapportés chez des patients parkinsoniens après amélioration de leurs troubles du transit.
Le microbiote intestinal pourrait aussi jouer un rôle dans la physiopathologie des troubles du comportement alimentaire (anorexie mentale) ainsi que dans l'autisme. « Une étude a montré que le microbiote pourrait apporter une contribution notable aux symptômes sociaux des troubles du spectre autistique », a expliqué Michel Neunlist, directeur de l'unité INSERM de gastroentérologie de l'Institut des maladies de l'appareil digestif à Nantes. « Si moduler le microbiote par des mesures "extrêmes" comme la transplantation fécale semble prometteur. Il faut cependant rester très prudent. Elle n'est aujourd'hui possible qu'en cas de colite à Clostridium difficile récidivante », a conclu le Pr Francisca Joly.
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