La transplantation hépatique est devenue un traitement de routine : l’an passé (2 013), 1 241 greffes ont été réalisées en France (dont 83 enfants).
« Le premier enjeu reste l’accès à la greffe et ce qui est inquiétant c’est que la différence entre le nombre de malades qu’il faudrait greffer et le nombre de greffons à disposition, ne fait que grandir » remarque le Pr Dumortier. Pourtant, le nombre de greffons augmente bien de 5 % par an pour le foie (d’autant qu’il n’y a pas de problème d’histocompatibilité ou d’âge). C’est donc le nombre d’inscrits qui s’accroît encore plus vite : cette croissance progressive s’explique par le vieillissement de la population et par le fait qu’il n’existe pas de traitement aussi efficace de la cirrhose ou du cancer primitif du foie. « Pour un greffon hépatique disponible, on a donc 2,4 demandeurs. Cela représente une médiane d’attente pour chaque demandeur de greffe, de 7,3 mois entre 2010 et 2013 et c’est en augmentation par rapport aux années précédentes (4,4 mois d’attente pour la période 2007-2009). Du fait de ce manque de greffons, il faut déplorer un taux de décès sur liste de l’ordre de 7 % car il n’existe aucune possibilité de suppléance d’un foie en défaillance terminale ».
Puisque le foie régénère, on peut réaliser une greffe avec une partie du foie prélevé sur un donneur vivant : mais cette intervention comporte des risques de morbidité et de mortalité pour le donneur. C’est pourquoi elle est très limitée en France, le plus souvent, à partir de parents pour un enfant. « Il n’y en a eu que treize sur toute la France, l’an dernier (sept pour des enfants). Idem pour la bipartition (foie de bonne qualité coupé en deux en vue d’être attribué à deux receveurs différents) qui nécessite de gros moyens logistiques », précise le Pr Dumortier.
Second enjeu : la survie et donc la surveillance des greffés
L’objectif est bien sûr que la durée de vie après greffe de foie soit la plus longue et la meilleure possible. Globalement, cet objectif est atteint, avec une espérance de vie à dix ans de 70 %. Des progrès significatifs ont été faits dans les traitements immunosuppresseurs (et le rejet n’est plus un problème), mais au prix d’effets secondaires fréquents et potentiellement graves, dont l’incidence ne fait que croître avec le temps (insuffisance rénale, hypertension, complications métaboliques, risque cardiovasculaire, risque carcinologique…). « La prise en charge du malade greffé du foie au long cours comporte deux axes : la surveillance et la préservation du greffon (par exemple, prévention du rejet, prise en charge de la récidive de la maladie initiale, essentiellement hépatite C) et la prévention et le traitement des complications du traitement immunosuppresseur. Et c’est là un enjeu important : étant donné le nombre croissant de greffés, l’organisation de cette prise en charge multidisciplinaire ne va plus pouvoir se faire exclusivement dans les centres de greffe et dans les CHU. Il va falloir associer les spécialistes et les généralistes hors CHU ce qui nécessite la mise en place de réseaux reposant sur un complément de formation et une actualisation régulière des connaissances. Même si certains examens comme la biopsie de foie et son interprétation, nécessitent une certaine expertise, la plupart des examens de surveillance sont simples. La greffe de foie mérite donc d’être davantage abordée lors des études de médecine, avec un relais via la FMC : par exemple, lors des Journées de Vidéodigest/cours intensif, de l’Association Française pour l’Étude du Foie fin septembre et lors des Journées Francophones de pathologies Digestives (JFHOD) en mars, mais également des réunions régionales » insiste le Pr Dumortier.
D’après un entretien avec le Pr Jérôme Dumortier, CHU Lyon.
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