Près de 300 000 personnes sont atteintes de maladies inflammatoires chroniques des intestins (Mici) en France. En 2035, plus de 400 000 malades seront concernés. Acteur mondial dans la recherche sur les Mici depuis 1983, le Groupe d’étude thérapeutique des affections inflammatoires du tube digestif (Getaid) célèbre quatre décennies d'expertise pour améliorer la prise en charge et l'information. L'association composée de médecins et de chercheurs bénévoles fédère des équipes médicales de différents CHU dans toute la France.
Son objectif phare : réaliser des études multicentriques pour identifier les meilleures stratégies d’utilisation des traitements pour les patients souffrants de Mici. Le Getaid construit notamment des scores pour qualifier l'activité de la maladie de Crohn et de la rectocolite hémorragique (RCH). « C'est un travail méthodologique complexe, effectué en collaboration avec les statisticiens du groupe », souligne le Pr David Laharie, praticien hospitalier au CHU de Bordeaux et président du Getaid.
Des réponses à des questions pratiques
Autre type de projet : le Getaid répond aux questions sur les traitements des Mici grâce à sa recherche académique de pointe : Quel médicament utiliser et dans quelle situation ? Peut-on arrêter un traitement ? Quels sont les profils de patients concernés ? « Nous menons des études de cohorte qualitatives de grande ampleur. Leurs résultats ont démontré que des complications graves de la maladie de Crohn peuvent être traitées par des médicaments sans avoir recours à la chirurgie. Les études du Getaid ont aussi permis de standardiser la prise en charge des colites aiguës graves de la RCH et d’éviter un grand nombre de chirurgies tout en diminuant la mortalité », poursuit-il.
Le Getaid est à l’origine de plus de 120 publications médicales ; 39 essais cliniques par des médecins experts de 59 centres hospitaliers d’hépato gastro-entérologie en France et en Belgique en incluant plus de 1 500 patients. Le Getaid diffuse, par ailleurs, des informations pratiques et scientifiques auprès des patients et des professionnels de santé. « Depuis une dizaine d'années, nous avons développé une commission " Education et formation " pour les professionnels de santé et les patients. Nous avons mis en place des cours et une master class pour former les gastro-entérologues aux Mici », affirme la Pr Lucine Vuitton, praticienne hospitalière au CHU de Besançon et trésorière du Getaid.
Autre actualité : le premier institut hospitalo-universitaire (IHU) dédié aux Mici a vu le jour cette année. Basé à Nancy, fondé sur un partenariat public/privé et porté par le Pr Laurent Peyrin-Biroulet, l'IHU Infiny est un incubateur permettant de dialoguer avec des start-ups, de travailler avec les industriels et donc, de passer de la recherche fondamentale à la découverte de cibles thérapeutiques.
Des traitements innovants non remboursés en France
Depuis le début des années 2000, l'avènement des biothérapies anti-TNFα a permis des progrès thérapeutiques significatifs. « L'administration par voie intraveineuse (infliximab, depuis 1999) a permis aux patients d'éviter les hospitalisations et d'être pris en charge en hôpital de jour. La voie sous-cutanée (adalimumab, depuis 2007) a permis une prise en charge ambulatoire », précise le Pr Arnaud Bourreille, praticien hospitalier au CHU de Nantes et vice-président du Getaid.
Aujourd'hui, chaque médicament permet une rémission complète dans 40 à 50 % des cas. « De nouveaux anticorps monoclonaux autorisés et disponibles en Europe ne sont pas remboursés en France. Or ces traitements ont des enjeux de taille pour certains malades. Ils peuvent éviter une résection intestinale et améliorer grandement la qualité de vie des patients réfractaires aux traitements actuellement disponibles », souligne le Pr Laharie.
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