LA POLYPOSE ADÉNOMATEUSE familiale, maladie autosomique dominante, est associée à un risque de cancer tel que la colectomie prophylactique est recommandée. Parmi les options chirurgicales, la colectomie avec anastomose iléorectale est recommandée chez les jeunes patients pour son évolution favorable en terme de préservation fonctionnelle. Mais le rectum résiduel demeure vulnérable au développement d’adénomes multiples, qui peuvent subir une transformation maligne. Les patients ayant eu cette forme de chirurgie ont donc une surveillance endoscopique régulière.
On peut combiner à la surveillance une chimioprévention en utilisant un inhibiteur de cyclo-oxygénase (COX2) sélectif, ces produits ayant une AMM dans cette indication. Toutefois, il y a de la place pour d’autres traitements médicamenteux, notamment pour des questions de tolérance cardio-vasculaire.
L’acide eicosapentaénoïque est un acide gras polyinsaturé oméga 3, abondant dans les poissons des eaux froides (saumon, maquereaux…) ; il a été très étudié dans divers domaines. Des études in vitro et sur des modèles précliniques donnent des arguments en faveur d’une activité contre le cancer colorectal (par inhibition de la prostaglandine E2, protumorogénique).
Forme encapsulée.
Nicholas West et coll. (Royaume-Uni) présentent une étude de l’EPA sous forme d’acide gras libre (EPA-FFA), présenté sous une forme galénique encapsulée pour être libéré au niveau entérique. Des patients au rectum conservé après une colectomie pour polypose adénomateuse familiale ont été randomisés pour recevoir l’EPA-FFA à raison de 2 g quotidiens ou un placebo pendant six mois. Le nombre et la taille des polypes présents dans un périmètre de muqueuse défini par un tatouage ont été déterminés avant et après l’intervention.
Une charge globale en polypes a été déterminée en utilisant une cotation de 0 à +1 à l’examen des enregistrements vidéos. Et enfin, le contenu en acides gras de la muqueuse a été mesuré par chromatographie gazeuse.
Au total, 55 patients ont été analysés en intention de traiter. Les résultats montrent que le traitement avec les EPA-FFA pendant six mois est associé à une réduction du nombre des polypes de 22,4 % en moyenne (p = 0,012) et à une diminution de la somme des diamètres de 29,8 % (p = 0,027).
La charge globale en polypes s’est augmentée pendant les six mois dans le groupe placebo, à l’inverse du groupe sous EPA-FFA (différence de 0,42, p = 0,011).
Par ailleurs, le traitement par EPA-FFA a entraîné une augmentation par 2,6 du taux d’EPA muqueux (p = 0,018 comparativement avec le placebo).
La tolérance de l’EPA-FFA est bonne, avec des effets secondaires similaires au placebo.
Au total, l’étude montre que l’EPA-FFA exerce dans la polypose adénomateuse familiale un effet chimioprophylactique similaire à celui fourni par les inhibiteurs de la COX2 sélectifs. L’effet combine sans doute à la fois l’inhibition de la formation de nouvelles tumeurs et la régression de celles qui existent. Un autre aspect important de l’étude est la confirmation que l’administration orale d’EPA-FFA est associée à une augmentation des taux dans la muqueuse rectale.
Ces résultats suggèrent aussi de rechercher une efficacité potentielle de l’EPA-FFA dans la néoplasie colorectale sporadique.
Gut, en ligne le 18 mars 2010.
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