Des Français testent une protéine recombinante

Un premier traitement contre l’hépatite fulminante

Publié le 24/01/2011
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L’AFFECTION est certes rare, mais dramatique puisqu’assortie d’une mortalité de 45 à 95 %. C’est dire tout l’espoir fondé dans les premiers résultats d’une équipe INSERM contre l’hépatite fulminante. Une molécule baptisée HIP/PAP (pour human Hepatocarcinoma-Intestine-Pancreas/Pancreatitis-Associated Protein) s’est montrée efficace successivement in vitro et chez l’animal, puis bien tolérée dans un essai de phase 1. C’est ainsi qu’un essai de phase 2 a commencé en septembre dernier, il devrait inclure 60 patients atteints d’hépatite fulminante. Premiers résultats attendus fin 2012.

L’équipe de Jamila Faivre et Christian Bréchot (INSERM et université Paris-Sud 11) est partie d’un fait connu. Au cours de l’hépatite fulminante, plusieurs molécules liées au stress oxydatif et à l’apoptose induisent des lésions tissulaires massives et bloquent la prolifération hépatocytaire. Parmi les rares molécules susceptibles d’enrayer le phénomène, les Français se sont intéressés à la protéine HIP/PAP. Elle semblait susceptible d’entraîner régénération et protection tissulaires.

Augmenter le taux de survie de 70 %.

Sous sa forme recombinante, la molécule a été mise au contact, in vitro, d’hépatocytes de souris atteintes d’hépatite fulminante. L’évaluation de la viabilité, de l’index de prolifération, de l’apoptose et de l’oxydation cellulaires a confirmé une nette majoration de la survie de façon à la fois dose et durée dépendantes.

Chez les rongeurs atteints, une seule injection de HIP/PAPrc a permis d’augmenter le taux de survie de 70 % par rapport aux témoins. Les chercheurs ont retrouvé moins de lésions nécrotiques inflammatoires, moins de mort cellulaire et un index de prolifération hépatocytaire élevé. Cette action a été observée alors que les souris étaient à un stade avancé de la maladie avec un stress oxydatif massif. En fait les radicaux libres s’accumulent chez l’animal jusqu’à un niveau déclenchant les lésions, à la 6e heure. La demi-vie de HIP/PAPrc étant de deux heures, le meilleur résultat a été obtenu lorsque l’injection avait lieu moins de deux heures avant ce seuil. HIP/PAPrc agit en éliminant deux radicaux libres redoutables, hydroxyle et superoxyde.

L’essai de phase 1 mené en 2009 a conclu à la non-toxicité de HIP/PAPrc chez l’homme et a permis d’en déterminer la pharmacocinétique. Il a été suivi en septembre 2010 de la mise en place d’une phase 2, menée contre placebo. Les participants recevront une dose toutes les 12 heures (20 mg/j) pendant 3 jours. L’objectif du traitement est de ralentir la perte d’hépatocytes assez longtemps pour que la régénération puisse se produire.

Hepatology, doi10.1002/hep.24087.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8891