Les effets délétères des émulsifiants peuvent être contrecarrés en recolonisant l'intestin par la bactérie Akkermansia muciniphila, selon les travaux réalisés chez la souris par des scientifiques Inserm/CNRS/Université Paris Cité à l’Institut Cochin à Paris. Ces données, publiées ce 16 janvier dans « Gut », confirment le potentiel grandissant d’Akkermansia muciniphila en tant que probiotique.
Le régime alimentaire moderne se caractérise par une forte consommation d'aliments transformés, associée à une augmentation de l'incidence des maladies inflammatoires chroniques. Entre autres causes : des émulsifiants - comme la lécithine (émulsifiant naturel), le carboxyméthylcellulose et le P80 (les deux étant des émulsifiants synthétiques) - qui altèrent le microbiote intestinal. Ces émulsifiants sont tellement ubiquitaires, qu'agir sur les comportements alimentaires pour les éviter semble très compliqué.
Un mode d'action encore méconnu
Pour corriger de telles dysbioses intestinales, l'équipe coordonnée par Benoît Chassaing, chercheur Inserm à l’Institut Cochin (Inserm/CNRS/Université Paris Cité) s’est intéressé au potentiel d'Akkermansia muciniphila comme probiotique. Le mode d'action de cette bactérie est encore mal connu. Elle agirait en stimulant la production de mucus, rendant l'intestin plus résistant aux régimes riches en gras qui ont tendance à perturber la barrière mucosale. Les auteurs estiment aussi qu'Akkermansia muciniphila agit directement sur la composition du microbiote, dans la mesure où ils n'ont pas observé, au cours de leurs expérimentations, de modification majeure de l'expression des gènes impliqués dans la production de mucus.
Par ailleurs, cette bactérie induit la production de peptides antimicrobiens. « Les bénéfices de Akkermansia muciniphila peuvent être observés quand on utilise sa forme pasteurisée (mais non autoclavée), des fragments de sa membrane ou simplement les protéines qu'elle sécrète, indiquent les auteurs. Cela suggère que ses bénéfices sont liés aux molécules de surface ou qu'elle secrète ».
De nombreux bénéfices observés
Une première étude pilote avait montré que les Akkermansia muciniphila, identifiées pour la première fois en 2004, pouvaient présenter un intérêt pour réduire l'absorption des graisses, augmenter la sensibilité à l'insuline et réduire le risque inflammatoire chez les patients en surpoids.
Au cours de travaux précédents, l’équipe de Benoît Chassaing avait démontré qu'un régime riche en émulsifiants réduit la présence de cette bactérie. Les chercheurs avaient soumis des souris à un régime riche en émulsifiant pendant 9 semaines, tout en donnant à la moitié d'entre elles un traitement probiotique 5 jours par semaine (l'autre moitié recevait un placebo). Ils ont constaté que Akkermansia muciniphila prévient l'altération du microbiote induite par les émulsifiants ainsi que la mise en place d'un état inflammatoire chronique de bas grade. En outre, les souris non traitées ont pris plus de poids que leurs alter ego traités, et faisaient plus d'hyperglycémies.
Un test de tolérance à l'hyperglycémie a été fait 8 semaines après la fin de l'exposition aux émulsifiants. « L'intolérance au glucose induite par les émulsifiants était totalement prévenue par la prise d'Akkermansia muciniphila », affirment les auteurs.
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