L’administration de probiotiques pourrait-elle protéger les prématurés contre le risque d’entérocolite ulcéro-nécrosante (ECUN) en accélérant la constitution du microbiote intestinal ? Cette hypothèse précédemment soutenue par plusieurs équipes ne s’est pas vérifiée cette fois pour le probiotique Bifidobacterium breve BBG-001 dans l’étude la plus large sur le sujet, l’essai britannique PiPS.
La constitution du microbiote se fait plus lentement et de manière moins diversifiée chez les prématurés, avec une prépondérance d’Enterobacteriaceæ au détriment des lactobacilles et des bifidobactéries, classiquement présentes chez les nouveau-nés à terme nourris au sein. Un total de 11 études, dont l’essai ProPrems mené en Australie et en Nouvelle-Zélande, ont suggéré que les probiotiques pourraient diminuer le risque d’ECUN chez les prématurés. Pour le Pr Jean-Christophe Rozé, néonatalogiste au CHU de Nantes et co-auteur d’EPIPAGE-2 : « C’est actuellement en débat. La plupart des équipes n’en prescrivent pas en France ».
Entre 23 et 30 semaines d’aménorrhée
Dans l’étude britannique, plus de 1 300 prématurés nés entre 23 et 30 semaines d’aménorrhée (SA) entre 2010 et 2013 dans 24 hôpitaux du sud-est de l’Angleterre ont été inclus dans leurs 48 premières heures de vie. Le recrutement et la mise en route étaient très précoces que la nutrition entérale soit commencée ou pas. Le probiotique était administré par voie entérale une fois par jour jusqu’à la 36e SA ou avant lors d’une sortie précoce d’hôpital. Il y a eu autant d’ECUN dans les groupes placebo et probiotique, respectivement 10 et 9 %. De la même façon, aucune différence significative n’a été constatée quant à la survenue de sepsis à ≥ 72 heures et la mortalité hospitalière entre les 2 groupes.
Ce large essai négatif ne semble pourtant pas signer l’inutilité des probiotiques de manière définitive. Comme les auteurs le rappellent, l’essai ProPrems avait conclu qu’un mélange de trois bactéries, deux bifidobactéries et un streptocoque, était efficace contre l’ECUN. Selon eux, « différentes souches et associations devraient être testées séparément » car « l’importance des microbes intestinaux dans la pathogenèse complexe de l’ECUN est largement admise ».
En écho, un éditorial associé met l’accent sur le fait que tous les probiotiques ne sont pas équivalents, « le choix du probiotique compte vraiment ». Outre leur degré réel d’efficacité, un parcours réglementaire avant commercialisation permettrait de garantir leur sécurité pharmaceutique et éviter des accidents graves liés à des contaminations, comme ce fut tristement rapporté avec un décès par mucormycose en 2014 aux États-Unis.
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