PRÉVENIR L’ASTHME chez les sujets atopiques pourrait passer par un traitement efficace de l’eczéma dans la petite enfance. Une équipe de l’université de Saint-Louis vient en effet de montrer qu’une cytokine produite par la peau lésée est responsable d’hypersensibilité bronchique chez la souris. Si jusqu’à présent le fait qu’il existe un lien entre asthme et eczéma ne faisait aucun doute, puisque de très nombreux asthmatiques présentent un tel antécédent dermatologique dans l’enfance, le mécanisme expliquant cette « progression atopique » n’était en revanche pas élucidé. C’est ce chaînon manquant qui vient d’être découvert avec la cytokine TSLP (Thymic Stromal Lymphopoietin), connue pour être un marqueur de la barrière cutanée. Des études antérieures avaient déjà identifié cette cytokine, proche de l’interleukine 7, comme jouant un rôle dans l’asthme. Comme elle est surexprimée tant que la peau n’est pas cicatrisée, les chercheurs ont émis l’hypothèse que des taux élevés de façon prolongée pourraient être à l’origine d’un asthme futur.
À l’aide de trois modèles murins.
Pour répondre à cette question, le Dr Shadmehr Demehri et ses collègues ont travaillé sur trois modèles murins particuliers. Tout d’abord, il s’agit de souris porteuses d’une délétion du gène RBP-j des kératinocytes, un gène qui contrôle les taux systémiques de TSLP. Comme toute la surface de la peau des rongeurs n’était pas atteinte, l’espérance de vie des animaux était quand même d’environ 100 jours, voire un an au maximum. Les rongeurs étaient mis en contact avec de l’ovalbumine, un allergène responsable d’inflammation bronchique. En effet, les animaux porteurs du défaut génétique ont présenté davantage de lésions pulmonaires inflammatoires que les souris saines. À titre d’exemple, le nombre d’éosinophiles dans le lavage broncho-alvéolaire était sept fois plus important chez les souris mutées. De plus, pour s’assurer que la cytokine était un déterminant nécessaire, les chercheurs ont créé un autre modèle de souris porteur d’une délétion supplémentaire, celle du récepteur TSLP. Si ces animaux présentaient les mêmes lésions cutanées, ils n’étaient pas plus sujets à faire de l’asthme que les contrôles. La manipulation génétique a ainsi bloqué le développement de la maladie. C’est bien l’action de cette cytokine au cours de l’eczéma qui est responsable des symptômes pulmonaires. Enfin, l’équipe a cherché à déterminer si cette cytokine était suffisante à la génèse de la pathologie bronchique en utilisant des souris transgéniques surexprimant la TSLP au niveau des kératinocytes. Il a été constaté qu’elles présentaient un phénotype asthmatique grave, même en l’absence de lésions cutanées. Toutes ces données chez la souris suggèrent que des taux élevés de TSLP au cours de la dermatite atopique augmentent la sensibilité pulmonaire aux allergènes. Si ces résultats étaient confirmés chez l’homme, cette cytokine pourrait être une cible thérapeutique potentielle chez les jeunes patients ayant une dermatite atopique afin de prévenir la survenue ultérieure d’asthme.
PLoS Biology, édition en ligne, mai 2009, volume 7, parution 5.
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