POUR ALLONGER expérimentalement la durée de vie de tous les organismes, de la levure jusqu’aux primates, les scientifiques utilisent une méthode maintenant universellement reconnue : le régime de restriction alimentaire sans carences ni dénutrition.
À Lyon, l’équipe de Marc Billaud et Florence Solari (CNRS/Inserm, au Centre de Recherche sur le Cancer) ont réitéré l’expérience sur le nématode C. elegans. Ce modèle a permis antérieurement de faire des découvertes pionnières dans la description des voies de signalisation impliquées dans la longévité. Ces voies se sont révélées conservées jusqu’aux mammifères.
Dans leur étude, les chercheurs ont isolé chez C. elegans de nouveaux « gérontogènes », dont le gène slcf-1. Lorsqu’ils ont inhibé ce gène, les effets biologiques produits sont similaires à ceux obtenus après restriction de l’apport alimentaire : une inhibition du transporteur SLCF-1 dans les cellules intestinales. Ce qui déclenche une augmentation du niveau de pyruvate. Ce qui altère le métabolisme mitochondrial et induit un stress oxydatif.
Avec le stress oxydatif, il en va un peu comme avec le système immunitaire. « Il faut une stimulation de faible niveau dans les commencements de l’existence de l’organisme pour qu’une adaptation soit possible lorsque des stress plus importants surviennent par la suite », explique Marc Billaud au « Quotidien ».
C’est ce stress de faible intensité qui induit une réponse adaptative responsable de l’augmentation de la durée de vie.
Les mêmes effets sont observés dans une expérience où le gène slcf-1 est inactivé et sans limitation des apports en nourriture.
Le métabolisme du pyruvate.
Ce travail a permis de montrer l’importance du métabolisme du pyruvate dans le contrôle de la durée de vie en conditions de restrictions calorique. Il montre de plus qu’une protéine connue pour avoir des effets suppresseurs de tumeurs – la protéine PTEN – est impliquée dans la cascade métabolique liée à la restriction calorique. « Il existerait donc des mécanismes communs au contrôle de la longévité et au développement des tumeurs. » L’addition de pyruvate à la nourriture pourrait-il mimer la restriction calorique ? Une question que les auteurs prévoient de documenter.
Les études sur la longévité montrent que parmi les facteurs qui influent sur l’espérance de vie, 70 % d’entre eux seraient liés à l’environnement et au mode de vie de l’individu.
Aging Cell, février 2011, http://dx.doi.org/10.111/j.1474-972.2010.00640.x
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?