L’ÉQUIPE de Marie Dutreix à l’Institut Curie (Paris) a mis au point des molécules qui augmentent l’efficacité de la radiothérapie en perturbant les systèmes de réparation des cellules tumorales. En faisant croire que le nombre de dommages occasionnés est beaucoup plus important qu’en réalité, les molécules appelées Dbait persuadent les cellules qu’elles n’ont d’autre choix que d’entrer en apoptose. Les cellules cancéreuses meurent, entraînant la diminution, voire la disparition, de la tumeur.
Dans des modèles d’animaux porteurs de tumeur, ces « leurres » accroissent l’efficacité de la radiothérapie, entraînent une réduction du volume tumoral, et, dans plus de 20 % des cas, la complète disparition de la tumeur. L’association Dbait et radiothérapie entraîne la nécrose de 75 à 100 % de la zone tumorale versus 30 à 50 % en cas de radiothérapie seule.
Fragments d’ADN double brin.
Quel est le mode d’action des Dbait ? Ces petits fragments d’ADN double brin miment les cassures du matériel génétique provoquées par la radiothérapie. Les Dbait capturent les protéines chargées de la réparation, les empêchant de s’occuper des dommages engendrés par la radiothérapie. Les systèmes de réparation sont censés être dépassés et ainsi leurrées sur le nombre de dommages génétiques, les cellules s’autodétruisent. Autre avantage de ces leurres : le risque d’émergence de résistance est très faible, comme les molécules ne visent pas une protéine spécifique, mais un mécanisme général. Par ailleurs, l’effet de ces molécules n’est observé que dans la région irradiée.
Sergio Roman-Roman, chef du département de Transfert de l’Institut Curie, s’intéresse à la possibilité d’étendre l’utilisation des Dbait en chimiothérapie. Mais reste surtout l’étape décisive pour les Dbait du passage aux essais cliniques chez l’homme. Les chercheurs et médecins de l’Institut Curie travaillent en collaboration depuis la mise en place en 2002 du programme incitatif « Instabilité génétique et radiorésistance des tumeurs », coordonné par Marie Dutreix et le Pr Jean-Marc Cosset, radiothérapeute.
Clinical Cancer Research,15 février 2009.
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