L’efficacité du propranolol dans l’hémangiome infantile (HI) du nourrisson est connue depuis 2008. Mais cette efficacité s’est confirmée en 2015 avec les résultats d’une vaste étude multicentrique randomisée sur 460 nourrissons, âgés de 1 à 5 mois, présentant un HI d’au moins 15 mm (1). L’étude comportait 5 bras, chacun recevant une modalité différente (placebo, propanolol per os 1 ou 3 mg/kg/j durant 3 ou 6 mois). C’est le propranolol à la dose de 3 mg/kg/j pendant 6 mois qui s’est révélé le plus efficace en termes de régression complète ou quasi-complète. Cette étude est à l’origine de l’obtention d’Autorisation de mise sur le marché (AMM) de ce médicament dans cette indication.
Les inhibiteurs de mTOR par voie systémique, et particulièrement le sirolimus, semblent très prometteurs dans certaines tumeurs et malformations vasculaires de l’enfant (2). De nombreux cas cliniques ont été rapportés. Reste à préciser les indications et les modalités dans des études d’envergure.
Toujours dans le cadre des anomalies vasculaires, plusieurs travaux ont rendu compte de mutations somatiques (mosaïques génétiques) du gène PIK3CA chez des patients atteints de malformations vasculaires diverses, avec hypertrophie des tissus mous en particulier. Cette kinase code pour une protéine impliquée dans l’activation de la voie AKT-mTOR qui peut être bloquée par des inhibiteurs de mTOR, d’où l’intérêt thérapeutique de cette découverte.
Un essai qui fait débat
Une étude essentielle, publiée en 2015, concerne l’effet préventif de l’éviction ou de la consommation précoce d’arachide chez des nourrissons à risque d’allergie (3). Les résultats de ce travail qui a inclus 640 nourrissons âgés de 4 à 11 mois indiquent que la consommation précoce d’arachide chez les nourrissons atopiques sévères ou allergiques à l’œuf a diminué la fréquence de développement d’une hypersensibilité à l’arachide à l’âge de 5 ans. Cet essai fait débat, on s’en doute !
Molluscum : traiter ou pas ?
Une étude anglaise sur l’histoire naturelle du molluscum contagiosum mérite d’être rapportée car l’affection est fréquente (4) ; 306 enfants âgés de 4 à 15 ans ont été inclus dans la cohorte. Les résultats montrent que la régression complète des lésions est obtenue en 13 mois en moyenne, qu’une transmission familiale existe dans 41 % des cas, que l’impact sur la qualité de vie est faible (sauf dans un sous-groupe de filles ayant de nombreuses lésions et dont la durée d’évolution était longue), enfin qu’un traitement des lésions n’est pas associé à une guérison plus rapide. Ces données peuvent orienter le choix de traiter ou pas les molluscum.
Une hypothèse sur les récidives de neavus
Un travail a montré qu’au sein des naevus congénitaux (NC) géants, il existe une sous-population de cellules clonogéniques capables de proliférer et de créer des structures naeviques. Ceci pourrait contribuer à expliquer la récidive de ces naevus après exérèse chirurgicale précoce (5).
Quelles mutations dans les mélanomes ?
Enfin, des auteurs ont étudié les bases génétiques des trois types de mélanomes observés chez les enfants et adolescents. En cas de mélanome classique (similaire à celui de l’adulte), ils ont observé une grande quantité de mutations, en particulier sur TERT-p qui est un élément en faveur de la responsabilité des UV, et une grande fréquence des mutations BRAF 600. En cas de mélanome sur NC, des mutations de NRAS 61 ont été observées dans les 3 cas étudiés. Pour les mélanomes spitzoïdes, on ne note pas de mutation BRAF ou NRAS, mais dans un cas de mélanome spitzoïde métastatique, une mutation de TERT-p était aussi identifiée (6).
(1) Léauté-Labrèze C et al. N Engl J Med 2015;372:735-46
(2) Hammill AM et al. Pediatr Blood Cancer 2011;57:1018-24
(3) Du Toit G et al. N Engl J Med 2015;372:803-13
(4) Olsen JR et al. Lancet Infect Dis 2015;15:190-5
(5) Charbel C et al. J Invest Dermatol. 2015;135:824-33
(6) Lu C et al. J Invest Dermatol 2015;135:816-23
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