Cancer du poumon

Deux gènes de pronostic péjoratif

Publié le 09/03/2009
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LE PROCESSUS de cancérisation est complexe. Il implique parfois l’expression de gènes du développement réprimés dans le tissu normal. Dans le cancer pulmonaire, le rôle oncogénique de facteurs de transcription (TTF-1, NKX2-8 et PAX9) de gènes du développement a été récemment découvert. En effet, il a été montré que TTF-1, NKX2-8 et PAX9 sont des médiateurs du développement et de la maturation pulmonaire et qu’ils s’expriment dans le tissu pulmonaire fœtal.

Les études chez les animaux « knock out » établissent que chacun de ces trois gènes exerce une action de persistance tumorale et leur action oncogène est établie.

Des biologistes ont recherché l’impact de ces oncogènes sur le profil évolutif chez 91 patients ayant un cancer pulmonaire non à petites cellules au stade 1, lorsqu’il est encore résécable. L’étude a inclus autant d’épithéliomas que d’adénocarcinomes.

L’expression des ARN associés à ces trois gènes a été recherchée dans les épithéliums bronchiques et les tumeurs.

Une notion contredite.

Cela a révélé un profil d’expression associé à une évolution particulièrement péjorative.

Une co-activation de TTF-1 et de NKX2-8, présente chez 20 % du groupe des patients à un stade précoce, est associée à un « profil de survie similaire à celui de patients ayant une maladie plus avancée. » A priori, on pouvait supposer que ces patients relèveraient d’une chimiothérapie par le cisplatine, qui est le traitement donné aux stades avancés du cancer. Mais les résultats contredisent cette notion : ce sous-groupe à haut risque, défini par une coactivation de TTF-1 et NKX2-8, se caractérise en plus par une probabilité plus importante de résistance à une chimiothérapie fondée sur le cisplatine.

Ces résultats préliminaires sont suffisamment encourageants pour que des stratégies de validation soient mises en place, sous la forme de trois grandes études prospectives dans le cancer pulmonaire. Une confirmation permettrait de rechercher une stratégie adaptée pour traiter ce sous-groupe de patients particuliers.

David Hsu et coll., Proc Natl Acad Sci USA, édition avancée en ligne.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr