Une équipe internationale a découvert un moyen de prédire le risque de développer une leucémie aiguë myéloïde (LAM) plusieurs années avant que la maladie ne se développe. Leurs résultats sont publiés dans « Nature ».
« Cette étude a utilisé une technologie de pointe dans la cohorte prospective EPIC* pour montrer que les changements génétiques présents dans la LAM sont détectables des années avant le diagnostic », résume pour le « Quotidien » James McKay, un des auteurs.
Mieux comprendre l'origine de la maladie
De précédentes études ont montré que des mutations somatiques s'accumulent dans les cellules souches et progénitrices hématopoïétiques préleucémiques de patients avant que la maladie ne se déclare (généralement de manière brutale). Toutefois, des mutations s'accumulent également avec le vieillissement chez des personnes qui ne vont pas développer la LAM. Afin d'étudier les différences entre le phénomène normal et la LAM, des séquençages génétiques basés sur les gènes connus pour être associés à la LAM ont été réalisés à partir d'échantillons sanguins de 95 patients LAM - les échantillons ayant été prélevés en moyenne 6,3 ans avant que la maladie ne se déclare - et de 414 personnes n'ayant pas développé la maladie ou de cancer apparenté (groupe contrôle).
Les échantillons « pré-LAM » présentent plus de mutations, dont la plupart sont présentes dans une fraction plus importante de cellules sanguines. De plus, certaines mutations, comme celles touchant les gènes TP53 et U2AF1, sont associées à un risque accru de LAM, alors que des mutations dans d'autres gènes tels que DNMT3A et TET2 sont associées à un risque moindre de LAM.
Ces données permettent de mieux comprendre l'origine de la maladie. En cohérence avec d'autres travaux récents, ces résultats suggèrent en effet que la progression de la maladie commence de nombreuses années avant la survenue de mutations tardives qui conduisent elles à une transformation maligne. Ceci suggère qu'un test sanguin pourrait permettre de détecter de manière précoce le risque de développer la maladie.
Une première étape avant de mettre en place des mesures de prévention
Les chercheurs ont par ailleurs mis au point au point deux modèles prédictifs. Le premier, basé sur des mutations ponctuelles somatiques, a été validé dans une cohorte de 29 patients LAM et de 262 sujets contrôles. Le second s'appuie sur des données de dossiers de santé électroniques. Il a permis de prédire la LAM de 6 à 12 mois avant le diagnostic avec une sensibilité de 25,7 % et une spécificité globale de 98,2 %.
« Les données cliniques et de laboratoire permettent d'identifier un sous-groupe à haut risque 6 à 12 mois avant la LAM, tandis que l'information génétique permet d'identifier une fraction substantielle de cas plusieurs années à plus d'une décennie avant le diagnostic », résument les auteurs.
« Notre étude fournit une preuve de concept pour la faisabilité de la détection précoce d'individus en bonne santé présentant un risque élevé de LAM et constitue une première étape dans la conception d'études cliniques futures pour étudier les avantages potentiels des interventions précoces dans cette maladie mortelle », concluent les auteurs, précisant que la sensibilité et la spécificité des tests de dépistage devront être élevées, la LAM étant assez rare (5 personnes sur 100 000 par an).
*European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition
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