DE NOTRE CORRESPONDANT
L’ÉMERGENCE de nouvelles arboviroses (comme celles à virus du Nil occidental, de l’encéphalite japonaise ou du chikungunya) a considérablement accru leur extension géographique. Le suivi sanitaire repose sur la détection de ces agents pathogènes chez les moustiques ou au travers de la recherche d’une séroconversion chez des animaux sentinelles. Ces stratégies ont cependant plusieurs inconvénients (coûts, problèmes de spécificité, résultats tardifs). L’équipe de Sonja Hall-Mendelin a imaginé une stratégie basée sur le fait que les moustiques excrètent le virus dans leur salive lorsqu’ils absorbent un aliment sucré.
Les chercheurs ont élaboré un dispositif permettant d’attirer les arthropodes dans des pièges au moyen de fiches cartonnées imbibées de miel. L’ARN viral excrété par les moustiques infectés est détecté directement au niveau des fiches par PCR en temps réel après reverse transcription (RT-PCR). Le fait que cette approche ne nécessite pas l’examen des moustiques eux-mêmes permet d’accélérer le processus de détection du virus. Un autre avantage est que l’ARN viral peut être conservé pendant au moins sept jours, ce qui est important pour une application sur le terrain.
Des fiches cartonnées imbibées de miel.
Ces fiches particulières, dénommées FTA (Flinders Technology Associates filter paper), ont été testées pour la détection du virus du Nil occidental (WNV pour West Nile Virus), qui est un flavivirus, et de trois alphavirus : le virus Ross River (RRV), le virus Bahrma Forest (BFV) et le virus chikungunya (CHIKV). Une trentaine de moustiques Culex annulirostris infectés par WNV ou RRV et autant de moustiques Aedes aegypti infectés par CHIKV ont été mis en présence des cartes FTA dix à douze jours après l’infection. Des essais longitudinaux (onze semaines) sur le terrain ont été conduits dans deux régions où sévissent le RRV et le BFV, en Australie Occidentale (WA) et à Cairns (une ville du Queensland).
Dans la région WA, trois isolats de BFV ont pu être détectés à cinq et sept semaines, tandis que durant les essais conduits à Cairns, le RRV a été détecté durant trois semaines à partir de neuf fiches FTA. Le dispositif élaboré par les Australiens apparaît donc efficace en climat tempéré (WA) comme sous climat tropical (Cairns). En raison de la simplicité de la mise en œuvre de ce système de détection, il est possible d’utiliser un grand nombre de pièges et donc de couvrir de vastes aires géographiques dans le cadre d’un programme de surveillance épidémiologique. Afin d’améliorer la capacité de détection de nouvelles espèces d’arbovirus, on peut envisager l’utilisation de jeux d’amorces et sondes universelles ou encore un test multiplex.
L’intérêt de l’utilisation du miel pour attirer les moustiques dans les pièges tient à ses propriétés biochimiques : composé pour l’essentiel de sucres (glucose et fructose principalement), le miel demeure moelleux plus longtemps, ce qui permet d’augmenter la survie des insectes par rapport à l’utilisation de sucre sous forme sèche. Un autre avantage du miel est représenté par ses propriétés antibactériennes, ce qui pourrait contribuer à réduire l’effet inhibiteur des ARNases produites par les bactéries, et favoriser ainsi la meilleure conservation de l’ARN viral sécrété par les moustiques, un aspect important lors de l’utilisation dans les essais de terrain. L’approche développée par les Australiens pourrait s’avérer également prometteuse dans la détection d’autres agents pathogènes transmis par les moustiques, en premier lieu le paludisme.
S. Hall-Mendelin, A.F. van den Hurk et coll. Exploiting mosquito sugar feeding to detect mosquito-borne pathogens. Proc Natl Acad Sci USA (2010) Publié en ligne.
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