L'allergie immédiate IgE dépendante correspond à une réaction exagérée et inadaptée de l'organisme vis-à-vis de protéines de l'environnement habituel (pneumallergènes ou trophallergènes). Elle se développe le plus souvent sur ce terrain génétiquement prédisposé appelé «atopique » dont l'identification précoce permet la mise en œuvre de mesures de prévention visant à en diminuer le risque. Dès le plus jeune âge, l’eczéma atopique en est l’expression clinique la plus fréquente. Les tests cutanés en pricks réalisables à partir de 3 mois sont une aide précieuse dans la mise en évidence des allergènes responsables.
• Qu’est-ce que l’atopie ?
La notion d'atopie (maladie curieuse) définie par la capacité héréditaire chez l'homme de développer des réactions vis-à-vis de protéines de l'environnement est introduite en 1923 par les Drs A.Cooke et Arthur F.Coca.
Une personne atopique ne devient pas allergique pas hasard. Elle possède cette capacité héréditaire à fabriquer des anticorps, appelées immunoglobulines E (IgE) spécifiques, dirigés contre des allergènes contenus dans les acariens, les animaux, certains aliments, les pollens, etc.
• Une transmission héréditaire
Se transmettant sur un mode héréditaire, on considère que l'atopie de développe chez l'enfant:
- dans plus de 50% des cas si les deux parents ont une même allergie (rhinite, asthme, eczéma);
- dans 40% des cas si l'allergie des parents est différente;
- dans 30% si seul un des parents est concerné;
- dans seulement 10% des cas, si aucun antécédent allergique n'est connu dans la famille.
• Les principales manifestations cliniques
Si les manifestations allergiques peuvent varier selon l'âge, l'eczéma atopique représente chez le nourrisson la première manifestation d'une allergie déjà existante (l’origine alimentaire concerne de 33 à 50% des eczéma de l’enfant) ou future (d’origine alimentaire ou respiratoire). Il est donc important de savoir l'identifier dès la naissance afin d'entamer au plus tôt une prévention efficace. Cet eczéma se présente sous la forme d’une éruption prurigineuse érythémato- squameuse parfois suintante dont la topographie se modifie avec l’âge.
Cette dermatose peut être isolée ou associée à d’autres symptômes tels que l’asthme, la rhinite, des troubles digestifs, une urticaire, un œdème de Quincke ou un choc anaphylactique.
• Le bilan allergologique
Le dépistage du terrain atopique chez l’enfant après l’interrogatoire et l’examen clinique peut se fonder, dans un premier temps, sur les tests de dépistage biologique tels que le phadiatop (quelques pneumallergènes), le trophatop (plusieurs trophallergènes) ou plus récemment le phadiatop nourrisson (mélange de pneumallergènes et trophallergènes). Ces examens sanguins rendent un résultat qualitatif (positif ou négatif) insuffisant pour un diagnostic précis. C’est la corrélation entre la positivité de prick-tests et l'histoire clinique qui permet d’identifier le ou les allergènes responsables. Contrairement aux idées reçues ces tests cutanés peuvent être effectués très tôt (vers l’âge de 3 mois). Chez le nourrisson ils s`effectuent dans le dos. Plus âgé, c’est sur les avant-bras qu’ils sont pratiqués après arrêt des antihistaminiques et en dehors de toute poussée aiguë. Le bilan si nécessaire peut être complété par d’autres examens comme les «atopy patch-tests» (patch réalisés sur le haut du dos avec des aliments, la lecture s’effectuant 48 heures plus tard) et le dosage des IgE spécifiques en suivant les recommandations de prescriptions (le «Quotidien du Médecin » du 8 septembre).
• Conseils de mesures de prévention chez l’enfant atopique
- Aménagement de la chambre.
Le choix du lit (matelas et couette ou couverture synthétiques, sommier à lattes), du revêtement de sol (parquet ou balatum), de l'oreiller (synthétique), de la nature des peluches lavées très régulièrement prend une orientation particulière dans les familles d'atopiques. La chambre où règne une température entre 18 et 19°C doit être aérée quotidiennement et aspirée souvent. Il faut interdire l'accès de la chambre à tout animal domestique à poils qui pourra venir se nicher sur le lit de l'enfant. L’idée d’un aquarium dans la chambre de l’enfant n’est pas conseillée (apport d’humidité qui peut être favorable aux développement des acariens).
- Diversification alimentaire
L’allaitement maternel jusqu’au 4e mois est conseillé. S’il est impossible, donner de préférence un lait hypoallergénique et en cas d’allergie alimentaire aux protéines de lait de vache diagnostiqué, un hydrolysat poussé est prescrit. Ensuite on propose progressivement l’adjonction un par un de légumes tels que carottes, haricots vert, pommes de terre et de fruits comme pomme, poire, pêche. A partir de 7 mois, on peut commencer l’agneau, le canard, le lapin bien cuits puis vers 9 mois le veau, le bœuf, la dinde et le poulet.
Le poisson et l’œuf sont possibles à partir d’un an. Les céréales, non obligatoires, doivent être sans gluten, sans adjonction de vanille, de miel ou de fruits.
L’arachide et les fruits à coques ne sont pas introduits avant 6 ans.
- Pour les soins de peau et la toilette
Eviter absolument tous les produits contenant des protéines animales ou végétales.
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