SEMBLABLES AUX CELLULES souches embryonnaires (SE), elles semblent capables de se multiplier à l'infini et se différencier en n'importe quel type de cellules de l'organisme. Et pour les obtenir, nul besoin d’ovules ou d’embryons : les souches pluripotentes induites (SPi, ou iPS pour « induced pluripotent stem cells ») sont issues de la « reprogrammation » de cellules somatiques adultes différenciées. Une simple biopsie cutanée, et beaucoup d’habileté, suffisent à leur production.
Depuis novembre 2007 et l’obtention de la première lignée de cellules SPi humaines, ces cellules suscitent le plus vif intérêt de la communauté scientifique internationale. Elles pourraient en effet constituer un outil presque idéal pour les chercheurs qui s'intéressent au développement normal et pathologique, pour les laboratoires pharmaceutiques en quête de modèles cellulaires facilitant le criblage des chimiothèques, ou encore pour les patients atteints d'une maladie dégénérative.
Les deux protocoles publiés fin 2007 par les équipes de Yamanaka et de Thomson sont robustes et ont pu être reproduits par de nombreuses équipes indépendantes. S’ils présentent des particularités qui rendent les cellules iPS actuelles inutilisables en clinique (voir encadré), ils permettent déjà de produire des lignées extrêmement utiles à la recherche, en particulier à l'étude des maladies génétiques.
Pathologies humaines.
Les premières cellules SPi associées à des pathologies humaines ont été produites pendant l'été : la toute première de ces lignées a été dérivée par Eggan et ses collaborateurs des universités d'Harvard et de Columbia*. Les chercheurs ont utilisé des fibroblastes cutanés prélevés sur une femme de 82 ans, atteinte d'une forme familiale de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Des fibroblastes de la patiente ont été reprogrammés en cellules SPi, qui ont elles-mêmes été différenciées en motoneurones. Il résulte de cette expérience une lignée de motoneurones qui possède a priori toutes les caractéristiques génétiques de ceux dégénérant dans l'organisme de la patiente de départ. L'étude de ces cellules devrait permettre d'acquérir de nouvelles connaissances sur la pathogenèse de la SLA et, pourquoi pas, faciliter la mise au point de traitements pharmacologiques visant à prévenir ou à guérir la maladie.
Une semaine plus tard, c'était au tour d'une autre équipe d'Harvard, dirigée par Daley, d'annoncer l'obtention de vingt nouvelles lignées de cellules SPi, associée à dix pathologies humaines (maladie de Parkinson, diabète de type 1, maladie de Huntington, trisomie 21, immunodéficience sévère combinée, syndrome de Lesch-Nylan, maladie de Gaucher, syndrome de Shwachman-Bodian-Diamond, dystrophie musculaire de Duchenne et de Becker)**.
* Dimos et coll. « Science », vol 321, pp 1218-1221.
** Park et coll., « Cell », vol 134, pp 877-886.
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