Une équipe internationale a établi pour la première fois la séquence vraiment complète du chromosome Y humain. C'était le dernier chromosome à ne pas être entièrement décrit : plus de la moitié de sa séquence restait un mystère quand celles des 23 autres chromosomes étaient devenues limpides l'année dernière. L'étude, menée par le consortium Telomere-to-Telomere (T2T) des Instituts nationaux de la santé américains (NIH), est publiée dans la revue « Nature ».
Le chromosome Y joue évidemment un rôle central dans le développement sexuel, même si de nombreux facteurs répartis dans l'ensemble du génome le sont aussi et de façon très complexe. Ces travaux pourraient apporter un nouvel éclairage dans l'infertilité.
Mais il apparaît de plus en plus clairement que les gènes de ce chromosome sexuel sont aussi impliqués dans d'autres aspects de la biologie humaine, tels que le risque de cancer et sa sévérité.
Pourquoi un tel retard ? Si tous les chromosomes ont des régions répétitives, le chromosome Y l'est de façon inhabituelle, avec plus de 30 millions de lettres pour ces séquences répétées, le rendant particulièrement difficile à décrypter.
« La plus grande surprise était de voir comment sont organisées ces répétitions, explique le Dr Adam Phillippy, investigateur senior de l'Institut national américain dédié à la recherche sur le génome humain (NHGRI), dans un communiqué des NIH. (...) Cela aurait pu être chaotique, mais au contraire, près de la moitié du chromosome est fait de blocs alternatifs de deux séquences répétées spécifiques, connues comme l'ADN satellite. Cela crée un très joli motif comme un édredon ».
Le séquençage complet révèle des traits importants dans des régions d'intérêt médical, comme celle liée à l'azoospermie, un bout d'ADN contenant plusieurs gènes liés à la production de sperme. Les chercheurs ont en particulier étudié la structure d'un set de palindromes, ces répétitions inversées.
Des pistes pour affiner les diagnostics
« La structure est très importante parce qu'occasionnellement ces palindromes peuvent créer des boucles d'ADN, détaille Arang Rhie, scientifique au NHGRI et premier auteur. Quelquefois, ces boucles sont accidentellement coupées et créent des délétions dans le génome. »
Les délétions dans la région de l'azoospermie sont connues pour perturber la production de sperme et donc entraîner une infertilité. Les scientifiques vont ainsi pouvoir analyser plus précisément comment les effets s'exercent.
Autre gène d'intérêt, le TSPY est impliqué dans la production de sperme. On savait qu'il était présent sous forme de multiples copies. Les chercheurs ont ici mis en évidence que ce gène pouvait être répété entre 10 à 40 fois selon les individus. « Quand une variation jamais vue auparavant est trouvée, il reste l'espoir que ces variants génomiques seront importants pour la compréhension de la santé humaine, souligne le Dr Phillippy. Des variants pertinents sur le plan médical peuvent nous aider à affiner les diagnostics dans le futur. »
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?