PARMI ses nombreuses vertus, le thé vert pourrait-il diminuer le retard mental chez les sujets atteints de trisomie 21 ? Peut-être bien si on en croit les résultats d’une étude française… Une équipe de chercheurs du CNRS vient de montrer, en effet, qu’un composé du thé vert améliorait les capacités de mémorisation chez des souris transgéniques. « Il n’existe pas d’équivalent direct de la trisomie 21 chez la souris, puisque les gènes y sont répartis sur trois chromosomes différents. C’est pourquoi il nous fallait travailler sur un modèle de trisomie partielle. Comme le gène de la kinase DYRKA1 est responsable du phénotype retard mental chez l’homme, nous avons ciblé une petite portion du chromosome 16 chez la souris codant en partie pour ce gène », explique Jean Delabar, chercheur au CNRS et auteur principal de l’étude. Est-il possible de modifier le phénotype de retard mental en inhibant cette kinase particulière ?
Des tests d’apprentissage.
Pour répondre à cette question, l’équipe a choisi un composé de la famille des catéchines contenu dans le thé vert, l’EGCG (epigallocatechine gallate) connu pour inhiber spécifiquement DYRKA1. « Nous avons réalisé des tests d’apprentissage chez des souris trisomiques ayant reçu de l’EGCG de la gestation jusqu’à l’âge adulte. Le test que nous avons choisi consiste à les familiariser à deux objets au cours de sessions répétées. Le jour du test, un objet est remplacé par un nouveau. Si la souris a mémorisé correctement, elle va spontanément vers l’objet inconnu. Si elle passe autant de temps auprès des deux objets, c’est qu’elle n’en souvient pas », explique le chercheur. C’est ainsi qu’il est apparu que les souris trisomiques ayant reçu de l’EGCG avaient de meilleurs résultats que les témoins.
« Jusqu’à présent, nous avons travaillé sur un modèle murin à 5 gènes. Il est absolument nécessaire de se rapprocher de la trisomie 21, où entre 250 et 300 gènes sont en copies triples. Nous n’avons aucune idée des interactions potentielles entre ces gènes. C’est pourquoi nous étudions actuellement un modèle à 130 gènes, poursuit Jean Delabar. Nous travaillons également avec des chimistes sur la stabilité du produit, puisque l’EGCG est disponible sous forme d’extrait. La dose administrée aux souris correspond à une consommation chez l’homme de plus de 5 litres de thé ! Pas étonnant que cet effet n’ait pas déjà été constaté dans les populations à forte consommation. » Une série d’expériences est en cours afin de savoir si on peut agir sur le retard d’apprentissage directement à l’âge adulte.
PLOS One, février 2009, volume IV, N°2.
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