LA FOOD AND DRUG Administration (FDA) a autorisé l’essai de la société Geron, dès le lendemain de l’investiture de Barack Obama. Difficile de ne pas faire de relation entre ces deux événements, même si la FDA s’en défend.
L’utilisation des cellules souches embryonnaires humaines soulève, par essence, des questions éthiques car elles sont prélevées au premier stade du développement de l’embryon, entraînant sa destruction (destruction inéluctable puisque ce sont des embryons qui, conçus par fécondation in vitro, ne font plus l’objet d’un projet parental). Pour certains, c’est déjà le commencement de la vie sacrée, pour d’autres, il s’agit plutôt, à ce stade avancé, d’un amas de cellules. Il est fort peu probable qu’un tel essai change, dans un sens ou dans un autre, des convictions aussi intimes. George Bush s'était personnellement opposé, en 2001, à ce que de telles recherches soient financées par des fonds fédéraux ; Barack Obama, qui a pris position en faveur de l'utilisation de ces cellules à des fins scientifiques ou thérapeutiques, a promis un changement de législation.
La France dans la course
« En France, rien ne s’oppose aujourd’hui à ce qu’un tel dossier soit déposé à l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) en vue d’une utilisation clinique des cellules souches embryonnaires humaines » indique au « Quotidien » le Pr Philippe Menasché, chirurgien cardiaque à l'hôpital européen Georges-Pompidou. Auteur de la première greffe cellulaire chez un patient insuffisant cardiaque, il s’apprête d’ailleurs à déposer, « dans le courant de l’année, au mieux à l’été », un dossier d’essai clinique sur des progéniteurs cardiaques dérivés de cellules souches embryonnaires dans le traitement de l’insuffisance cardiaque. Par rapport à l’équipe américaine, « nous sommes un peu en amont, en ce sens que la FDA a déjà donné son accord et que nous, nous n’avons pas encore sollicité l’AFSSAPS. Mais j’ai obtenu, non sans mal, que le directeur général de l’AFSSAPS et que la directrice générale de l’Agence de la biomédecine actent le fait que la loi permettait la recevabilité administrative d’un dossier de ce type », explique-t-il.
La loi bioéthique de 2004, sur le point d’être révisée, a créé un régime original qui consiste à interdire la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires tout en l’autorisant par dérogation. C’est dans ce cadre que l’Agence de la biomédecine délivre les autorisations, sous son contrôle et sous condition que ces recherches mènent à des « progrès thérapeutiques majeurs ». « On ne peut pas dire que nous avons été pénalisés. Mais maintenant que le géant américain se réveille, il faut y aller à fond si l’on veut que la France, et l’Europe en général, soit dans la course. Il faut mettre les moyens nécessaires et surtout faire en sorte que la révision de la loi bioéthique garantisse la pérennité de ces recherches et ne les remette pas en cause », poursuit le Pr Menasché. Choisir le régime d’autorisation « aurait l’avantage de la clarté et de la lisibilité. Cette loi, qui est tout de même très ambiguë et incompréhensible à l’extérieur de la France, avait une justification sociopolitique, il y a six ans. Elle n’en a plus aucune aujourd’hui ».
Si l’interdiction n’a jamais empêché des pratiques contestables, l’autorisation sous contrôle est un bon moyen de barrer la route aux moins scrupuleux. Or, en ce domaine, l’Agence de la biomédecine a fait ses preuves. Les projets de recherche autorisés (45 au total) ont tous un point commun, soulignent les responsables de l’Agence : « IIs sont indiscutables par leur sérieux, par leur pertinence scientifique et par les connaissances nouvelles qu’ils apportent. »
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