Supprimer un seul gène des moustiques Anopheles gambiae peut les rendre résistants à Plasmodium, le parasite du paludisme, et donc limiter leur capacité de le transmettre aux humains, selon une étude parue dans « PLoS Pathogens », et à laquelle a participé l’INSERM.
Les chercheurs ont utilisé l’outil d’édition du génome CRISPR/Cas9 pour supprimer le gène FREP1 (fibrinogen-related protein 1) du génome d’Anopheles gambiae, le principal vecteur du paludisme pour les humains. Chez les moustiques ainsi génétiquement modifiés, le parasite était bien moins capable de survivre et de se multiplier.
FREP1, la protéine qui aide le parasite à survivre
FREP1 est une protéine qui aide Plasmodium à survivre dans l’intestin du moustique et à se développer jusqu’au stade lui permettant d’être transmis à l’humain, via la piqûre du moustique. Plasmodium passe en effet par de nombreuses étapes avant d’atteindre les glandes salivaires du moustique et d’être transmis à l’humain.
Ôter le gène codant pour cette protéine permet ainsi que rendre les moustiques résistants au parasite : la prévalence de l’infection par le parasite était divisée par 1,9 dans les moustiques modifiés par rapport aux moustiques sauvages.
Effets secondaires… pour le moustique
Mais la suppression de ce gène n’est pas anodine pour le développement du moustique. Les insectes knock-out pour le gène FREP1 mettent ainsi deux jours de plus que leurs équivalents sauvages à atteindre la taille adulte (quand 90 % des moustiques sauvages avaient atteint le stade L4 de développement larvaire, tous les mutants n’en étaient encore qu’au stade L2), ils se nourrissent 2,6 fois moins (même quand ils en ont l’occasion), et leurs œufs sont moins nombreux et moins viables. Cependant, leur taille finale est la même et aucune différence d’espérance de vie n’est observée. Ce qui pose tout de même question quant à leur capacité à entrer en compétition avec les moustiques sauvages dans la nature, de façon suffisante pour bloquer la transmission du parasite.
Les chercheurs espèrent maintenant pouvoir inactiver FREP1 uniquement dans l’intestin de moustiques adultes, pour éviter ces troubles. Une stratégie intéressante mais qui reste encore limitée et soulève certaines interrogations, comme le soulignait le Haut Conseil des biotechnologies dans son avis rendu en juin 2017.
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