DES CHIRURGIENS de Toronto viennent de mettre au point une nouvelle technique de reconditionnement ex vivo de greffons pulmonaires (lire aussi l’encadré). Sa grande particularité est d’être combinée à une thérapie génique par interleukine (IL)-10. D’après les résultats précliniques de l’équipe du Dr Shaf Keshavjee, cette méthode améliore les échanges gazeux alvéolo-capillaires, à la fois sur l’oxygénation et le relargage du CO 2.
Les greffons prélevés sont, en effet, souvent considérés comme inaptes à la transplantation en raison de lésions tissulaires liées à l’état inflammatoire. Dans ces situations délicates de prélèvement (état de mort cérébrale, soins agressifs en réanimation), il existe une augmentation des cytokines inflammatoires, telles que l’IL-6, IL-8 et l’IL-1béta.
Les chercheurs canadiens ont ainsi postulé que l’administration d’IL-10 à l’aide d’un adénovirus peut réparer les lésions pulmonaires avant la transplantation. L’IL-10 présente en effet des propriétés anti-inflammatoires en inactivant les cellules présentatrices d’antigène et ainsi la sécrétion de cytokines inflammatoires. Les greffons récusés sont ainsi mis en « couveuse », à l’abri dans un circuit oxygéné à température humaine et baignant dans un substrat nutritif proche des conditions physiologiques. L’administration de la thérapie génique est réalisée à l’aide d’un bronchoscope en injectant le vecteur viral portant l’IL-10.
Dix greffons humains.
Dans des greffes pulmonaires chez le porc, ce reconditionnement particulier a permis d’améliorer l’inflammation tissulaire et la fonction pulmonaire. Quant aux dix greffons humains traités ex vivo par thérapie génique, la méthode a amélioré significativement la fonction pulmonaire (pression artérielle en oxygène, résistances vasculaires), l’expression des cytokines de l’inflammation et l’intégrité de la barrière alvéolo-capillaire. La technique semble donc prometteuse, surtout que les effets de l’IL-10 persistant 30 jours, « tout ce qui peut améliorer les lésions pulmonaires, en particulier dans les 72 heures très délicates suivant l’intervention, pourrait améliorer la survie et la qualité de vie après transplantation », comme le rappelle le premier auteur, le Dr Marcelo Cypel. La prochaine étape consistera donc à évaluer, dans des essais cliniques, la technique en sauvetage chez des patients sur liste d’attente.
Science Translational Medicine, édition du 28 octobre 2009.
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