UNE ÉTUDE de génétique évolutive et épidémiologique a été menée par des chercheurs de l’Institut Pasteur (Anavaj Sakuntabhai et Lluis Quintana-Murci) en collaboration avec l’Université de Mahidol en Thaïlande. Elle a intégré plus de 3 500 personnes, suivies pendant huit ans. Ces travaux ont identifié une mutation protectrice contre le paludisme, témoignée par une réduction significative de la quantité de parasites dans le sang. Sa présence est par ailleurs associée à une augmentation de la survie. Plus précisément, les chercheurs ont démontré que la mutation est corrélée à une moindre charge en Plasmodium vivax, qui est le principal agent du paludisme en Asie du Sud-est, où il est responsable de plus de la moitié des cas. Plasmodium vivax, outre les symptômes classiques du paludisme, est en plus à l’origine de problèmes de nutrition chez les enfants, avec des déficits pondéraux importants à la naissance, qui menacent la survie des plus jeunes.
La mutation affecte le gène de l’enzyme G6PD. Un déficit de cette enzyme entraîne des troubles lors d’ingestion d’aliments oxydants, sous la forme d’ictères ou d’anémies. La mutation a été nommée G6PD-Mahidol 487A par les chercheurs. Ils trouvent qu’entre 15 % et 25 % de la population d’Asie du sud-est en est porteuse. Ainsi, cette mutation pourvoyeuse d’effets négatifs (déficit en G6PD) se révèle avantageuse de par la protection qu’elle confère contre P. vivax.
Les auteurs expliquent ainsi pourquoi cette mutation a pu atteindre une fréquence aussi élevée dans cette région du monde.
Culture rizière et déforestation.
Des études précédentes avaient montré en Afrique qu’une autre mutation touchant ce même gène conférait une résistance à Plasmodium falciparum.
Par ailleurs, l’étude a permis de dater l’apparition de la mutation G6PD-Mahidol 487A dans le génome humain : il y a 1 500 ans, en Asie du sud-est. À une période qui coïncide avec l’extension de la culture rizière. Cette culture a nécessité une déforestation massive qui a favorisé le rapprochement entre les hommes et les moustiques vecteurs de la maladie. Ainsi, les personnes porteuses de la mutation G6PD-Mahidol 487A ont été avantagées devant la pression infectieuse plus forte et ont mieux survécu.
Chalisa Louicharoen et coll. Science, 11 décembre 2009.
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