Le risque de certaines maladies chroniques (la polyarthrite rhumatoïde, l’épilepsie, les maladies thyroïdiennes) augmente chez les enfants dont les mères souffraient de polyarthrite rhumatoïde (PR) pendant leur grossesse. C’est ce que révèle une étude de cohorte menée pendant vingt-cinq ans au Danemark, et dont les résultats sont parus dans « Arthritis Care and Research ».
Les auteurs ont inclus tous les enfants nés vivants au Danemark entre 1989 et 2013. Cela correspondait à 2 106 enfants nés de 1 504 mères souffrant de PR (le groupe dit exposé), et 1 378 539 enfants nés de 751 816 mères ne présentant pas cette pathologie (le groupe dit non exposé). Les auteurs ont suivi ces enfants pendant une durée moyenne de 13,7 ans.
Ils ont ensuite évalué l’association entre la PR maternelle (la PR étant l’une des maladies chroniques les plus fréquentes chez la femme enceinte) et 15 maladies chroniques chez l’enfant (la PR, les diabètes de type 1 et 2, les maladies thyroïdiennes et parathyroïdiennes, le syndrome des ovaires polykystiques, le lupus érythémateux, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, l’épilepsie, la sclérose en plaques, les troubles de la coagulation, les maladies pulmonaires chroniques (dont l’asthme), les troubles de l’humeur, la schizophrénie et l’anxiété).
Le risque de PR presque triplé
Les auteurs ont observé que le taux de grossesse avait augmenté chez les femmes atteintes de PR entre le début et la fin de l’étude : entre 1989 et 1993, ce sont 7,4 % des femmes atteintes de PR qui ont donné naissance, tandis qu’entre 2009 et 2013, elles étaient 35 %.
Par ailleurs, les enfants du groupe exposé naissaient davantage par césarienne (28,2 % contre 15 % dans le groupe non exposé) et avant terme (10,1 % contre 6,2 %).
Les auteurs ont constaté que, dans le groupe exposé, le risque de maladie thyroïdienne était multiplié par 2,19, celui d’épilepsie par 1,61, et celui de PR par 2,89. Le risque d’anxiété et de maladie pulmonaire chronique (dont l’asthme) était légèrement augmenté mais de façon non significative. Il n’existait pas de différence pour les autres pathologies prises en compte.
Line Jolving, première auteure de l’étude, indique au « Quotidien » que « le surrisque de PR est probablement lié à des facteurs génétiques. Le surrisque d’épilepsie, qui avait déjà été décrit dans une autre étude danoise suggère une influence de l’auto-immunité ou de l’inflammation. Et comme, dans cette étude, le risque n’était pas présent chez les enfants de pères souffrant de PR, les auteurs avaient conclu que l’environnement intra-utérin pouvait jouer un rôle. Quant aux maladies thyroïdiennes, ma seule suggestion serait la parenté en termes d’auto-immunité entre la PR et les troubles thyroïdiens ».
« Il y a une association entre l’exposition in utero à la PR maternelle et le risque de certaines maladies chroniques chez l’enfant », concluent les auteurs, qui ajoutent que « ces résultats doivent alerter pédiatres et médecins généralistes ».
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