L’ÉQUIPE DE Qian Zhang (Bethesda, États-Unis) a identifié une mutation génétique qui permet de rendre compte d’une combinaison de problèmes de santé sévères agrégés dans des familles. On sait que certains déficits immunodéficitaires primaires combinés associent des infections sino-pulmonaires et cutanées et des élévations d’IgE. Qian Zhang et coll. ont récolté des données concernant 11 patients appartenant à 8 familles où ces combinaisons pathologiques sont présentes. Ils ont utilisé une technique d’hybridation génomique comparative, un procédé où de grandes quantités d’ADN sont fixées sur une puce à ADN informatisée. Ils ont comparé les gènes de différents groupes de sujets : les 11 individus de l’étude, des personnes ayant différentes formes d’un syndrome immunodéficitaire déjà caractérisé (HIES ou hyperimmunoglobulin E syndrome), des sujets atteints d’autres maladies immunologiques et des individus en bonne santé.
Les chercheurs découvrent dans les familles étudiées des mutations sur DOCK8 sous la forme de délétions. En comparant avec les personnes saines, ils trouvent une réduction du nombre des CD8 (utilisées pour combattre les infections virales), des lymphocytes B (productrices d’anticorps) et une augmentation des éosinophiles (associés à l’allergie).
Otites, sinusites, pneumonies.
Cliniquement, les patients souffrent d’otites récidivantes de l’oreille moyenne, de sinusites et de pneumonies. Ils ont aussi de façon également récidivante, des infections cutanées à staphylocoques dorés, des herpès et des zonas.
À cela s’ajoutent des molluscums contagiosum persistants et extensifs et des infections par HPV.
La plupart d’entre eux ont une atopie sévère (eczéma, asthme) avec anaphylaxie. Certains ont des carcinomes à cellules squameuses et une personne souffre d’un lymphome à cellules T.
Sur le plan biologique, ils recueillent des taux élevés d’IgE, une hyperéosinophilie, des taux bas de lymphocytes B et T, des taux sériques bas d’IgM et une variabilité des réponses igG. La mise en expansion in vitro de CD8 activés est altérée.
Des délétions hétérozygotes et homozygotes sur le gène DOCK8, tout comme les mutations ponctuelles, aboutissent à une absence de la protéine DOCK8 dans les lymphocytes. La fonction normale de la protéine DOCK8 dans les lymphocytes est inconnue. Cependant, ces observations indiquent que DOCK8 est essentielle pour la défense contre les infections virales, tout comme pour la prévention des cancers et de l’allergie. Une protéine qui a donc à l’évidence une fonction importante en elle-même ou dans une chaîne de réactions.
« D’autres études sont nécessaires pour déterminer si des mutations de DOCK8 sont présentes chez d’autres personnes ayant des symptômes similaires. Il est vraisemblable que le syndrome immunodéficitaire DOCK8 décrit correspond un nouveau déficit immunitaire primitif », concluent les auteurs.
New England Journal of Medicine, 2009 ; 361.
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