UNE ÉTUDE PRÉSENTÉE par l’équipe du Pr Gilles Montalescot (hôpital de La Pitié-Salpêtrière)* désigne une variation génétique associée à une moindre efficacité du clopidogrel chez les jeunes patients (moins de 45 ans). La présence du variant allélique CYPC19*2 est associée une probabilité multipliée par près de quatre de décès, de récidive d’infarctus du myocarde, de reperméabilisation coronarienne ou de thrombose intrastent.
Le clopidogrel et l’aspirine à faible dose représentent les traitements courants donnés dans les suites d’un infarctus du myocarde ou d’une procédure de reperméabilisation des coronaires avec pose d’un stent, en prévention des récidives. Des études ont montré qu’une variabilité du gène codant le cytochrome P450 2C19 contribue à l’effet antiplaquettaire du médicament. Cette enzyme intervient à une étape cruciale de la voie biochimique qui aboutit à sa forme active.
G. Montalescot et coll. ont réalisé une analyse génétique chez 259 patients jeunes traités en continu par le clopidogrel après un premier accident coronarien aigu. Des patients qui ont devant eux un long avenir où ils devront être traités, précise le spécialiste. Cela montre que 73 (28 %) de ces patients sont porteurs du variant CYPC19*2.
Un risque multiplié par 4.
Les porteurs de la variation CYPC19*2, ont un risque multiplié quasiment par 4 de présenter un événement grave : décès, récidive d’infarctus, réintervention en urgence pour reperméabilisation coronarienne. En considérant les complications sur stent, la thrombose du stent est six fois plus fréquente chez les patients ayant la variation.
Deux autres publications** se sont focalisées sur le même sujet. « Ensemble ces travaux montrent qu’un quart de la population est exposée à l’inefficacité du clopidogrel, qui est le deuxième médicament le plus prescrit dans le monde », explique au « Quotidien » le Pr Montalescot. « C’est le premier gène à être associé à l’efficacité d’un traitement. On entre de plus en plus dans le domaine de la pharmacogénomique. Des tests génétiques rapides sont en développement. » En pratique, le Pr Montalescot indique réaliser un génotypage dans le cas des thromboses sur stent chez les jeunes patients.
* « Lancet », 23 décembre 2008
** « New England Journal of Medicine », 6 janvier 2009, publications de Jessica Mega et coll. et de Tabassome Simon et coll.
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