DE NOTRE CORRESPONDANTE
PROTOTYPE des maladies auto-immunes spécifiques d'organes (ou localisées), la sclérose en plaques (SEP) se manifeste par une démyélinisation inflammatoire chronique du système nerveux central. La présentation clinique est hétérogène, avec environ 80 % des patients qui développent la forme cyclique rémittente (récidivante rémittente).
La cause demeure inexpliquée. La maladie serait probablement le résultat d'une susceptibilité génétique combinée à de nombreux facteurs de risque environnementaux.
En raison d'une faible compréhension de sa pathogénèse et de l'absence de marqueurs biologiques sensibles de la maladie, le diagnostic de SEP dépend encore de la survenue répétée de la maladie et ne peut être établi que plusieurs mois voire plusieurs années après le début.
Outre les cellules T helper 1 (Th1) produisant l'interféron-gamma, les cellules T helper 17 (Th-17) produisant l'interleukine-17 sont aussi reconnues pour être impliquées dans la pathogenèse de la SEP.
Ainsi, les souris qui ont moins de cellules Th-17 sont moins susceptibles de développer l'encéphalomyélite auto-immune expérimentale (EAE), et des cellules Th-17 sont retrouvées dans les lésions cérébrales des patients atteints de SEP.
La différenciation des cellules Th-17 est régulée par des facteurs de transcription et des cytokines, mais on ignore si elle est régulée également par des ARNs non codant, comme les microARNs.
Une équipe chinoise, dirigée par le Dr Gang Pei (Académie chinoise des sciences et Université Tongi, Shanghai, Chine), a étudié les profils d'expression des microARNs dans les leucocytes sanguins périphériques des patients souffrant de SEP cyclique rémittente (n = 4, dont 25 patients en rechute et 18 en rémission), et les a comparés aux profils de témoins sains (n = 42) ou de patients atteints de neuromyélite optique (n = 11).
Les patients en rechute.
Ils ont ainsi identifié une expression significativement accrue d'un microARN - miR-326 - chez les patients souffrant de SEP en rechute (n = 25), mais non accrue chez les patients en rémission.
L'expression du miR-236 est non seulement corrélée à la sévérité de la maladie et à la rechute, mais elle est aussi influencée par le traitement modifiant la maladie comme les glucocorticoïdes.
De même, chez les souris, l'expression du miR-326 se montre plus élevée dans les cellules T CD4 en phase aiguë d'EAE et se normalise pendant la rémission.
De plus, chez la souris amenée à développer l'EAE (immunisation par un peptide encéphalitogénique, MOG), l'inactivation in vivo du miR-326 résulte en une quantité plus faible de cellules Th-17 et une forme légère d'EAE, tandis que inversement la surexpression du miR-326 aboutit a une quantité plus grande de cellules Th-17 et une forme sévère d'EAE.
Enfin, ils ont pu découvrir que le miR-326 favorise la différenciation des cellules Th-17 en ciblant un régulateur négatif (Ets-1) de cette différenciation.
« Nos résultats montrent un rôle crucial d'un microARN dans la différenciation des cellules Th-17 et la pathogenèse de la SEP », concluent les chercheurs.
Le dosage sanguin de ce microARN ( de la protéine Ets-1) pourrait donc servir de biomarqueur pour le diagnostic de la SEP, établir son pronostic, et évaluer la réponse au traitement, selon les chercheurs.
Il n'existe actuellement aucun traitement de la SEP qui cible les cellules Th-17. L'identification d'inhibiteurs du miR-326 pourrait offrir une nouvelle approche thérapeutique pour la SEP.
Nature Immunology, 18 octobre 2009, Du et coll., DOI: 10.1038/ni.1798
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